N°33 - Est-ce que le thon c'est vraiment bon ?
“Les temps sont durs, même le futur n'est plus ce qu'il était” Thierry Hazard
👋 Salut Les petits résistants !
“Les temps sont durs, même le futur n'est plus ce qu'il était” chantait ce visionnaire de Thierry Hazard en 1990. Et avec le coup de tonnerre américain de mardi dernier, le futur a donné raison à ses prédictions. Ça tangue sévère pour les droits des minorités, la paix et la santé de la planète.
Cours de yoga, méditation, dancing queen en perfusion… tous les coups sont permis pour se remonter le moral. C’est le moment de repartager avec vous notre newsletter parue dans l’entre-deux-tours alors que l’obscurantisme frappait à la porte France. Et on repose ici les mots du philosophe Charles Pépin : “Avoir confiance c’est trouver la force de s’engager dans le doute, de s’engager dans l’incertain, c’est y aller malgré le doute, trouver tout contre lui la force de s’élancer.”
C’est par là pour (re)lire la newsletter et cultiver la confiance. Ici, nous continuerons de résister entre parents qui rêvent d’un monde un peu moins con.
🍴Dans l’immédiat, réconfortons-nous en parlant bouffe ! On donne la parole à l’association Foodwatch qui, avec l’association Bloom, a récemment mis à jour le scandale du thon contaminé au mercure. Rendez-vous dans le vrac d’actu pour faire un point sur le sort de vos boîtes de conserve du fond du placard. Spoiler : femmes enceintes et enfants, passez votre chemin. À nouveau, on vient frotter le sujet de l’alimentation, notre bonne volonté de parents qui veulent bien faire, les injonctions de la société à la réalité de l’offre et aux politiques publiques qui manquent de niaque !
🧡 Place au nouveau numéro. Bonne lecture à toutes et à tous ! Et rendez-vous dans 15 jours pour parler … maaaagie de Noël !
Au sommaire
Fo-fo-cus : Foodwatch, l’association qui redonne le pouvoir du bien manger
L’actu qu’il fallait pas louper : chasseur de sucre, chasseur de prime
Le vrac d’actu
🍴Fo-fo-focus
Si vous cherchez Foodwatch, regardez derrière les scandales et les fraudes alimentaires, les étiquetages et emballages trompeurs, les problèmes de sécurité alimentaire, ils seront sûrement en train de sonner des cloches aux industriels ou aux politiques. Et ça, on aime. On a posé 4 questions à Camille Dorioz, directeur des campagnes chez Foodwatch.
Bonjour Camille, pouvez-vous nous décrire en quelques mots la mission principale de Foodwatch ?
Foodwatch est une association de défense des consommateurs qui se pose comme un véritable contre-pouvoir citoyen. Notre objectif est l’accès pour toutes et tous à une alimentation sans risque, saine, choisie et abordable. Concrètement, nous voulons que les consommateurs aient la capacité d’acheter ce qu’ils ont envie d’acheter et ne se demandent pas si le produit qu’ils mettent dans leur chariot ne va pas nuire à leur santé. Par nos actions, nous mettons une pression constante auprès des industriels.
S’agit-il en somme de redonner aux gens le pouvoir sur leur consommation ?
Oui, mais pas seulement ! La fameuse phrase de Coluche, “quand on pense qu'il suffirait que les gens n'achètent plus pour que ça ne se vende pas”, n’est pas tout à fait juste. Il y a certes une partie du problème qui repose entre les mains des consommateurs. Mais, avant cela, chez Foodwatch, nous posons la responsabilité de l’offre qu’il y a dans les rayons. Prenons l’exemple de la charcuterie : il ne devrait pas y avoir de charcuterie contenant des nitrites dans les étals. C’est aussi simple que cela. Les industriels ont montré qu’ils savaient faire des produits sans nitrite et que d’un point de vue de la sécurité sanitaire, leur présence dans les produits n’était pas justifiée. Nous constatons et déplorons la volonté des industriels de segmenter le marché en proposant des produits avec nitrite, plutôt bon marché, et des produits sans nitrite, beaucoup plus chers.
=> NDLR. Exemple déclinable à l’infini. Les marques de couches qui proposent des couches premier prix à la composition douteuse et, dans le même temps, une gamme premium dite “clean” avec un prix qui explose, sont dans la même logique de segmentation de l’offre et du maintien d’un marché à plusieurs vitesses.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples concrets de campagnes récentes menées par Foodwatch qui ont eu un impact significatif ?
Nos actions ont permis l’adoption de plusieurs lois :
La loi EGALIM 2 de 2021, qui interdit de "de faire figurer un drapeau français, une carte de France ou tout symbole représentatif de la France sur les emballages alimentaires lorsque les ingrédients primaires (...) ne sont pas d'origine française".
1 an et demi après les révélations de Foodwatch sur ces aliments qui rétrécissent alors que leur prix augmente (le fameux phénomène de “shrinkflation”), le gouvernement a adopté un décret portant sur l’information aux consommateurs et consommatrices sur cette arnaque sur l’étiquette.
Pensez-vous que les labels existants (bio, sans OGM, etc.) et des outils comme le Nutriscore sont suffisants pour garantir la transparence alimentaire ? Que recommanderiez-vous à des parents qui veulent acheter de manière éclairée ?
Aujourd’hui, le Nutriscore est l’indicateur le plus fiable et le plus utile pour faire des comparatifs entre les produits. Attention, il ne donne pas d’indication concernant les additifs, mais le système de notation prend en revanche en compte les teneurs en sucre, sel et gras des produits.
=> NDLR : Comprendre : référez-vous au Nutriscore pour comparer 2 paquets de biscuits. Pas pour comparer du lait et de l’huile.
Concernant les produits ultratransformés et la question des additifs, le mieux est de privilégier les produits avec une liste d’ingrédients courte.
=> NDLR : Comprendre : passez votre chemin devant les petites brioches moelleuses avec leur recette à rallonge de 32 ingrédients.
Les labels bio sont fiables et, sur la question des additifs, par exemple, ils garantissent une moindre teneur : seuls 52 additifs sont en effet autorisés dans le bio versus 300 dans les produits conventionnels. À noter que l’on peut retrouver dans des produits bio des nitrites et des nitrates. Garder en tête qu’un produit bio garantira l’absence de pesticide et d’engrais chimiques dans le produit alimentaire et qu’en cela il est une garantie d’une meilleure protection de l’environnement.
=> NDLR : Comprendre ce n’est pas parce qu’un jambon est bio qu’il ne contient pas de nitrite ! Bonne chance à toutes et à toutes pour la quête du jambon idéal : bio, sans nitrite, et sans trop de sel. Et surtout, ne craignez pas de sortir votre porte-monnaie donc.
PS. Notre newsletter sur l’alimentation est toujours disponible par ici. Et on parlait déjà de l’action de Foodwatch qui tapait sur le marketing incitant les enfants à manger trop gras et sucré.
🤓 L’actu qu’il fallait pas louper
Décryptage de l’actu qui m’a le plus chauffée…
Proposé, adopté, rejeté puis adopté : c’est au terme d’une passe d’armes au suspens insoutenable que l’Assemblée nationale a fini par adopter en début de semaine le principe d’une taxation renforcée sur les produits alimentaires sucrés. On rembobine.
=> Le contexte
L’Assemblée Nationale était amenée à se prononcer sur l’adoption de taxes visant à inciter les industriels à revoir leur politique sucre alors qu’un rapport de l’Institut Montaigne paru le 16 octobre dernier appelait à “une mobilisation collective et à une répartition des responsabilités, celles-ci ne pouvant plus reposer uniquement sur les consommateurs”. Le tout, à grand renfort de chiffres chocs. Attention les yeux :
87 % des enfants et 47 % des adultes consomment davantage de sucre que les recommandations de l’OMS. Un enfant de 8 ans a déjà consommé plus de sucre que son grand-père en a mangé toute sa vie.
Seul 1 enfant sur 5 (20,2 %) atteint l’objectif du PNNS de consommer 5 fruits et légumes par jour.
=> Les taxes adoptées
Taxe soda
Concrètement ? Il s’agit de réformer la fiscalité (existantes depuis 2012) sur les boissons sucrées en augmentant leur prix en fonction de la quantité de sucre qu'elles contiennent, avec l’objectif que des industriels comme Coca-Cola baissent le seuil de sucre dans leurs boissons pour éviter la hausse des prix.
Taxe sur les sucres ajoutés dans les produits alimentaires
Cette taxe a “pour objectif de pousser les industriels à changer leurs recettes et à tendre vers des produits moins sucrés”. Sirop de glucose, sirop de maïs, saccharose ou autre sucre planqués dans les produits transformés type pizzas, saucisses ou même… petits pots pour bébé sont dans le viseur de cette réforme du fait de leur incidence sur la santé.
=> Les débats autour de l’adoption de ces mesures
Parmi les opposants à ces mesures, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, regrette les conséquences de hausses de taxe sur le sucre pour la compétitivité du secteur agroalimentaire français. Quand du côté de la France Insoumise, on déclare : “Au lieu de se contenter de taxes, dont effectivement une partie repose sur le consommateur (...) il conviendrait de réguler les taux autorisés dans l'alimentation, les taux de sel, les taux de sucre, les taux d'acides gras saturés.”
En gros, les industriels vont-ils vraiment jouer le jeu de la recette allégée en sucre ou simplement augmenter leurs prix, grevant encore un peu plus les budgets des familles bien habituées à la malbouffe ?
En somme, ce type de taxation sur les sucres sera-t-elle simplement plus lucrative que dissuasive, renflouant certes les caisses de l’État mais passant à côté de son objectif de santé publique sans impact concret sur les chiffres du surpoids et des maladies associées ?
📢 On donne la parole sur le sujet à Camille Dorioz, directeur des campagnes chez Foodwatch, qui nous éclaire de son avis d’expert. Allez écouter en détails : c’est pas mal, mais ce n’est pas suffisant.
“Les poissons sont radio-actifs
Et il y a du mercure dans le corned-beef
Maintenant avant d'ouvrir mon frigidaire
Ouh, j'vais chercher mon compteur Geiger” Thierry Hazard (toujours lui)
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🗞️ Le big récap’
Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.
👉 “Quand on pense qu'il suffirait que les gens n'achètent plus pour que ça ne se vende pas” disait Coluche. Oui, mais pas que. Producteurs, distributeurs et artisans ont aussi leur part à faire. Et pourquoi pas faire le ménage dans les tartes à la framboise des boul-pat à Noël et le jambon rose bonbon bourré de nitrites dans les étals des bouchers ? C’est le demi-défi que relève le groupe Mousquetaires (Intermarché / Netto) en annonçant renoncer à vendre des cerises et des fraises en décembre et janvier. « Nous renforcerons en même temps les promotions sur les fruits et légumes frais de saison. L’heure n’est plus aux constats mais à l’action, a expliqué Thierry Cotillard, le président du groupement. Certes, c’est une décision symbolique, car les ventes pèsent assez peu en valeur sur la totalité du rayon, mais si les consommateurs nous suivent et d’autres, comme Leclerc ou Carrefour font la même chose, en cumulé, cela pèsera. » Chiche !
👉 Le thon c’est pas bon. On reste en cuisine avec le scandale révélé par les ONG BLOOM et Foodwatch le 29 octobre dernier : des tests réalisés en laboratoire révèlent que l'intégralité des 148 boîtes de thon de différentes marques testées sont contaminées par du mercure. Ce métal est un puissant neurotoxique dont même de faibles doses consommées régulièrement suffisent pour entraîner de graves troubles du développement neuronal chez les enfants. Et donc quoi ? On en fait quoi de notre lot de 3 qui traîne dans les placards ? On a interrogé Foodwatch qui est catégorique. Étant donné les résultats de leur enquête, leur recommandation est, a minima pour les femmes enceintes et les enfants, de :
stopper la consommation de thon tant que les réglementations n’auront pas évolué
ramener les boîtes de thon au supermarché et demander un remboursement
pour la consommation de poisson, se tourner vers des espèces de poissons plus riches en oméga 3 du type sardine. Privilégier de manière générale des poissons qui sont en bas de la chaîne alimentaire qui auront moins accumulé de mercure que d’autres espèces comme le thon ou l’espadon.
Rendez-vous sur la page de l’association Bloom pour plus de détails sur la meilleure manière de consommer du poisson.
Fun fact : certains médias vous diront que ça roule pour le thon, avec comme argument à l’appui le communiqué de presse de Petit Navire. On vous laisse juge. 🤓
👉 La ville de Strasbourg veut lutter contre les inégalités de genre dans les cours de récréation. Elle a équipé des enfants volontaires de gilets connectés pour dessiner une carte du partage de l'espace dans les cours. Résultat des courses ? 80% de l'espace est occupé par 20% des élèves, surtout des garçons. Et bien, sans surprise en réalité : on en parlait dans une newsletter précédente avec Chloé Célérien, spécialiste des questions d’égalité fille-garçon dans le sport.
👉 Petit rebond sur notre newsletter précédente concernant les écrans et faites le pari de la déconnexion avec la boîte à portable ! Bayard Jeunesse lance Croc’écran, un programme ludique de sensibilisation à la parentalité numérique et à l'usage des écrans en famille, à l’aide d’une histoire pour les 3-7 ans, de 21 défis amusants à relever en famille et d’un livret conçu pour informer et conseiller les parents. Parmi les idées, la fabrication d’un Croc’écran en famille : une simple boîte de mouchoirs, à customiser avec les enfants, parfaite pour accueillir les écrans du foyer le temps d’un break ! À vous de jouer.
Suite au prochain numéro !
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