👋 Salut les cornichons, bienvenue dans cette newsletter dédiée à l’alimentation des enfants !
En France, 34% des enfants de 2 à 7 ans et 21% des jeunes de 8 à 17 ans sont en situation de surpoids ou d’obésité.1 Oui, les chiffres sont plombants et le constat est plutôt alarmant. Outre, une activité physique régulière, la bonne habitude à cultiver est celle de l’alimentation équilibrée. Et voilà que déboule le combo charge mentale + culpabilité du parent-qui-fait-de-son-mieux : éviter les produits industriels, zapper les bonbons, 5 fruits et légumes par jour, sans oublier un peu de protéines mais dans les bonnes proportions s’il vous plaît, et une pincée de légumineuse. 🤯
Le bien-manger chez l’enfant est un sujet important qui cristallise bien des tensions. Et c’est précisément là où on se fourvoie. Car important ne veut pas dire angoissant : le bon ingrédient se résumant apparemment à mettre un peu de joie dans les assiettes !
C’est en substance ce que nous racontent les expertes rencontrées pour l’élaboration de cette newsletter. Un grand merci à Camille Labro et Solène Collin pour le partage de savoir.
💚 Bonne lecture à toutes et à tous. À dans 15 jours dans vos boîtes mails et à tout de suite sur les réseaux !
Au menu
En tête à tête avec Camille Labro, l’éducation alimentaire aux petits oignons.
L’actu qu’il fallait pas louper : la malbouffe pour les kids
Le récap’ en vrac d’infos engagées à consommer sans modération.
Débunkage de fausse bonne idée : les légumes, nos meilleurs ennemis.
Notre sélection pour un goûter presque parfait
🧡 En tête-à-tête
Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.
Dans ce numéro, je me mets à table avec Camille Labro, présidente de l’association L’école comestible, convaincue que les enfants peuvent révolutionner le monde à petits coups de fourchette. Entretien.
Camille est journaliste culinaire depuis une vingtaine d’années. Elle ne parle pas en terme de gastronomie et ne se contente pas de raconter ce qu’il y a dans les assiettes. Elle imprime dans son travail une certaine dose de militantisme en s’intéressant d’abord à ceux qui se trouvent derrière : les producteurs, les agriculteurs, les éleveurs. Car Camille voit dans l’alimentation "un sujet au carrefour de toutes les problématiques modernes : la santé, l'écologie, l'environnement, le climat"; un sujet qui la passionne et qui ne lui vient sans doute pas de nulle part. Native de Berkeley aux États-Unis, elle a baigné dans la culture du bien-manger “grâce notamment à une maman cordon bleu”, et à sa marraine, Alice Waters, une cheffe américaine à l’initiative du projet “Edible Schoolyard”, qui lui a inspiré L’école comestible. Une question d’influence et d’éducation donc. Des valeurs qu’elle met au coeur de son action avec l’association qu’elle a fondée.
La pédagogie par le faire : cuisiner en se marrant…
Parce qu’elle est profondément engagée et avait “envie de changer la donne”, Camille a ainsi créé en 2019, L’école comestible, une association loi 1901 à but non lucratif qui se donne pour mission d’éduquer les plus jeunes à l’alimentation et au goût, de la terre à l’assiette, dans les écoles et dans la vie des enfants et de leur famille. Les actions de l’association se fondent sur 3 grands piliers : des programmes d’ateliers culinaires sur le temps scolaire, avec des potagers pédagogiques dans les cours d’écoles, et une action de plaidoyer pour améliorer l’offre des cantines scolaires.
Pour réussir son pari, et avoir un vrai impact chez les enfants et leur famille, l’association joue à fond la carte de l’action et du plaisir. “Nettoyer les légumes, découper, râper, cuisiner, faire des préparations différentes… Tout cela ce sont les enfants qui le font et ils en sont hyper fiers ! Au cours des ateliers, on échange, on rigole, on goûte. Ce que nous proposons c’est de remettre de la joie dans l’alimentation avec les légumes. Et ça fonctionne, les enfants s’éclatent !” Pas de mauvaise surprise ni de méfiance chez les enfants : puisque ce sont eux qui ont cuisiné, ils savent ce qu’il y a dans l’assiette, et ils acceptent l’aventure du légume ! De quoi montrer aux plus petits que tout peut être bon quand on y met de la joie, du fun … et du sien ;)
… dans un cadre apprenant
Camille l’affirme : “Le cadre apprenant est idéal pour la pédagogie proposée par l’association. A l’école, il s’agit d’un temps d’apprentissage, incité par la présence du maître ou de la maîtresse. Bien sûr, il est nécessaire que les parents essayent de partager des temps de cuisine avec leurs enfants mais pour l'appréhension des goûts, c'est sans doute plus efficace dans un cadre scolaire. Dans l’idéal, il faudrait rendre les deux complémentaires et réussir à faire des ponts entre l’école et les familles.”
Pour l’école, ces ateliers sont une aubaine car ils sont prétextes à aborder bien des notions. C’est ainsi l’occasion de faire des mathématiques en multipliant par trois les quantités d’une recette, un peu de géographie en expliquant la provenance de tel ou tel légume, ou encore de la biologie en parlant de digestion ! Camille note aussi qu’enseigner dans un cadre éducatif permet de tenir éloignés les enfants des préjugés parfois infusés par les parents. Ainsi il n’est pas rare d’entendre un papa ou une maman assistant à un atelier alerter les adultes sur une pseudo phobie alimentaire de leur tout petit (“Inutile d’essayer de lui faire goûter du chou ! Et encore moins des asperges! ”) et les retrouver éberlués voyant leur enfant se régaler de ces mêmes légumes. Question de projection ! Et parce qu’il est difficile de ne pas céder au plus facile, le cadre de l’école permet sinon d’imposer au moins de … guider les choix : “Les ateliers fonctionnent très bien parce que nous sommes là pour orienter et empêcher les enfants d’aller vers la facilité du sucré ou de ce qu’ils connaissent déjà. Spontanément, tout le monde va vers la carotte, pas vers le chou romanesco ! ”. Pas faux.
Faire sa part à tous les étages
Quand Camille prend la parole pour raconter son engagement, il y a deux mots qui reviennent en boucle : “joie” (en remettre d’urgence et en couche épaisse dans les légumes donc !) et “responsabilité”. Avec en sous-titre la question suivante : à qui la faute si le bien-manger s’est fait la malle? “ Il faut que cela soit une action collective et que chacun prenne la responsabilité à son niveau. Producteur, revendeur, chef, boulanger, consommateur. Ce qui me dérange le plus c’est quand on remet la responsabilité sur les autres. On a tous quelque chose à faire dans la mesure de nos moyens et de nos compétences. Cela peut être choisir de manger une pomme bio ou pas. C’est déjà une forme d’engagement.” Cette réponse me plaît car elle est infiniment transposable en matière de consommation. A qui la faute si la fast fashion prospère? Aux consommateurs qui achètent en masse incapables de résister à des offres extra discount ? Ou aux fabricants qui continuent de produire des vêtements à la qualité déplorable au mépris des règles environnementales et sociales les plus élémentaires?
Quant à s’alimenter correctement, tous coupables ? Quid des industriels qui fabriquent des céréales de petit dej à l’intérêt nutritionnel égal à celui d’un sachet de M&Ms? Que penser des boulangers qui proposent des tartes à la framboise en décembre et les bouchers du jambon rose bonbon bourré de nitrites ? La réponse adéquate du consommateur n’est possible que si l’information et l’éducation sont passées par là.
Il s’agit donc d’avancer selon ses convictions, tenir la barre et que chacun fasse sa part. Camille Labro, elle, me confie “avoir toujours un fond d’optimisme et penser qu’on va y arriver”. Alors, il n’y a plus qu’à ! ✊
🤓 L’actu qu’il fallait pas louper
Décryptage de l’actu qui m’a le plus chauffée.
L'ONG Foodwatch, qui se bat pour une alimentation sans risque, saine et abordable, a publié le 13 septembre dernier, les conclusions de son enquête concernant les produits alimentaires destinés aux enfants et adolescents.
🙈 L’association accuse les industriels d’« élaborer des stratégies à la limite de la manipulation » incitant les enfants à manger des produits trop gras ou trop salés. Ainsi sur 228 produits commercialisés pour les enfants et examinés par Foodwatch, seuls dix sont considérés « bons » pour la santé. Les 218 autres sont jugés trop gras ou trop sucrés, par rapport aux recommandations nutritionnelles de l’Organisation mondiale de la Santé. 9 sur 10 ne devraient pas faire l’objet de publicités. Rien que ça.
⚖️ Quid des régulations en matière de publicité pour l’alimentation des enfants ? En France, les quelques règles contraignantes paraissent bien dérisoires à côté du matraquage publicitaire. Le tour d’horizon est vite fait avec le fameux “manger, bouger” et la loi Gattolin du 20 décembre 2016 visant à restreindre la diffusion de la publicité… qui rate sa cible puisqu’elle ne concerne ni les chaînes privées, ni les programmes dits “tout public”. Il faut donc s’en remettre à la bonne volonté des industriels qui en 2007, avec le UE Pledge, promettaient de ne plus faire de publicité pour les enfants de moins de 13 ans, sauf pour les produits qui répondent aux critères nutritionnels du «Livret blanc»… qu'ils ont eux-mêmes conçu. Résultat des courses, 13 ans après les premiers engagements, l’UFC-Que Choisir déplorait dans une étude “l’échec criant de ce dispositif (non contraignant), les industriels n’ayant aucunement amélioré leurs pratiques.”
😳 Dans son enquête, Foodwatch dénonce “un matraquage quotidien (qui) sape les efforts d’éducation des parents tandis que les plus jeunes, séduits, développent des préférences alimentaires catastrophiques pour leur santé.” Parmi les marques incriminées, sont citées Pitch et le club de plage version malbouffe qui envahit les stations balnéaires avec ses stands de distribution de brioches, Bel qui a noué un partenariat de 10 ans avec Disneyland Paris avec des “fromages type Kiri Goûter, Babybel ou la Vache Kiri” pourtant trop salés pour la santé des enfants.
Foodwatch a initié une pétition pour que soit encadrée plus strictement la législation sur la publicité et le marketing ciblant les enfants, à laquelle évidemment on souscrit.✊
🥦 Nous, on parie que si le lobby du légume vert mettait autant d’argent sur la table que l’industrie alimentaire pour nous faire aimer le brocoli, nos enfants se rouleraient par terre au rayon fruits et légumes de Auchan ! Chiche ?
🗞️ Le récap’
Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.
👉 Attention, bon plan shopping engagé ! Bleu Blanc Louve (le projet porté par Nanja Benoit-Guyod autour des cadeaux écoresponsables pour familles engagées) et le French Live organisent du 2 au 6 octobre le premier salon de live-shopping multi-marques dédié à l’enfance et à la famille. Vous retrouverez chaque jour à 13h, une marque française émergente sélectionnée pour ses engagements écoresponsables. L’occasion de soutenir le bien-fabriqué et de voter avec son porte-monnaie ! 🛍️
👉 Le Parlement européen et le Conseil de l’UE sont parvenus à un accord, ce mercredi 20 septembre 2023, pour interdire le greenwashing (écoblanchiment) et l’obsolescence programmée. Concrètement, les mentions environnementales génériques non prouvées (par exemple “respectueux de l’environnement” ou “naturel”) seront interdites. Pour lutter contre “l’obsolescence précoce”, d’autres “pratiques trompeuses” seront désormais bannies, comme les affirmations non étayées sur la durée de vie alléguée du produit ou le fait de présenter un bien comme réparable alors qu’il ne l’est pas ou difficilement. Fin de la récré pour les embobineurs ! 😛
👉 “Le festival Kids etc.” dédié aux familles se tient actuellement au 5ème étage du BHV Marais à Paris. C’est l’occasion de découvrir une trentaine de créateurs et marques engagées de l’univers de l’enfant mais aussi, pour les petits et grands, d’assister aux ateliers créatifs et talks sur l’éveil à l’écologie et la décoration responsable. On vous l’a annoncé dans la dernière newsletter, Les petits résistants y participent à l’occasion d’un talk qui se déroulera mardi 26 septembre, de 12h à 13h, sur le thème : “Aménager une chambre saine pour son enfant… et si possible écoresponsable!”. Hâte de vous y retrouver ! 🗣️
🙅🏽♀️ La fausse bonne idée
Je débunke pour vous la fausse bonne idée du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mère.
On a demandé à Solène Collin, nutritionniste pédiatrique, de nous livrer LA fausse bonne idée entendue à longueur de consultations et la réponse a fusé : vouloir forcer son enfant à terminer son assiette ! “ Cette stratégie fonctionne à court terme. Ok, l’enfant va manger sa quantité de légumes, mais un jour il va grandir et on ne sera plus là pour le forcer. L'idée est de construire de bonnes habitudes à long terme et sortir de l’objectif : manger pour manger et ingérer à tout prix !”. Pour éviter le gaspillage, prêter l’attention aux portions proposées et prévoir des quantités moindres peut être la bonne option.
🙊 D’autres phrases à éviter ?
“Tu n’auras pas ton dessert, si tu ne manges pas tes légumes !”
Aaaaah cette survalorisation du dessert et du sucré en général, avec en sous-titre le légume vu comme la tannée du repas. “ Est-ce que réellement les parents présentent l’assiette de brocolis avec le même enthousiasme que quand ils donnent un Kinder ? ” Hein ? Alors ?
“On mange des légumes parce que c'est bon pour la santé.”
Pour notre experte en nutrition, “ il n’y a rien de plus déprimant et ce n’est pas un argument qui motive un enfant !” Oups.
💡 Quels bons réflexes pour accompagner son enfant sereinement ?
On se détend
Depuis que nous sommes petits, on répète que les enfants n’aiment pas les légumes : “ Oui l'enfant fuit l'amertume a priori mais ce n'est pas pour cela que les légumes ne sont pas un bon aliment ! Par ailleurs, on a des exigences envers les enfants que nous n’avons pas envers nous-mêmes. Est-ce que véritablement nous adultes mangeons 5 fruits et légumes par jour ? ”
On met de la joie
Solène nous promet : “ Manger des haricots verts en se marrant c'est possible ! On essaye de faire en sorte qu'il y ait une interaction avec l'aliment (on le cuisine, on le lèche, on discute de l'aliment) et on crée de l’émotion (avec un jeu, un défi etc).” Dans tous les cas, on ne se décourage pas, on ne fait pas des légumes un sujet de tension et on continue les expositions po-si-ti-ves.
“ Les habitudes alimentaires ça se construit pendant 20 ans.” Patience 😅
🎁 Au top
C’est cadeau ! Parce que vous avez mieux à faire que des recherches Google, je vous liste les bonnes habitudes à conserver pour un goûter presque parfait.
L’ANSES (Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) a rappelé en 2019 que 60 % des 8-12 ans consommaient trop de sucre et que la principale source en était le goûter. L’idéal est de maîtriser autant que possible la consommation de sucre pendant ce repas réconfortant avec des préparations maison. Mais inutile de refaire l’histoire : quand on est parent, on n’a pas le temps. Et comme faire un gâteau est nécessairement plus chronophage que d’ouvrir à la hâte un paquet de pépitos, c’est drôlement tentant de se ruer sur le tout préparé industriel.
Rappels de base et tour d’horizon des meilleures options quand on n’a pas le temps de réaliser son meilleur gâteau au yaourt.
👉 Le goûter n’est pas nécessairement synonyme de sucré. Il est aussi possible de tenter l’aventure du salé au quatre heure avec des options faciles : fromage, houmous, gressin, etc… On n’a pas dit part de pizza ;)
👉 Faites du goûter un vrai repas structuré, dans lequel il y a des fibres et des lipides.
👉 Évitez… le moelleux ! Le fait de mâcher apporte de la satiété. Le combo madeleine/pom’potes : c’est vraiment moyen. Même chose pour les pains au lait qui se mangent par 3 sans calmer la sensation de faim rapidement. 😅
👉 Fruit entier plutôt que compote : pour la satiété (une compote est vite avalée, d’autant plus quand elle est sous forme de gourde) et pour éviter le pic de sucre (le fruit contient des fibres, pas la compote).
👉 Pain et chocolat (de préférence noir à 70%). C’est hyper rapide, pas cher, et très bien d’un point de vue nutritionnel. Pensez à trancher et congeler les tartines pour en avoir toujours sous le coude et n’hésitez pas à varier les plaisir (pain aux noix, seigle, complet, graines etc…). Le chocolat peut aussi être remplacé par de la purée d’amande, du beurre de cacahuète (ou une pâte à tartiner si elle est homemade).
👉 Si vous prenez des biscuits industriels, gardez en tête ce référentiel : 15 à 20 grammes de sucre pour 100 grammes est plutôt raisonnable pour ce type de goûter. Dans une étude parue en 2019, 60 millions de consommateurs conseillait de se tourner de préférence vers les biscuits secs pour le goûter, car moins gras et moins sucrés, le magazine conclut tout de même qu'"aucun biscuit de [son] essai n'est assez bon d'un point de vue nutritionnel pour être consommé régulièrement". La gamme Bjorg Nutri Bio, ou les biscuits Good Goût sont intéressants.
Suite au prochain numéro !
🧡 Aux nouveaux venus, bienvenue ! On vous raconte tout du pourquoi du comment du média des Petits résistants, dans notre première lettre.
💡Pour être sûr de recevoir votre-désormais-email-préféré, on vous conseille d’enregistrer l’email : lespetitsresistants@substack.com, dans votre carnet d’adresse.
💬 Cette newsletter est pensée comme un canal de communication privilégié entre vous et le média. N’hésitez pas à me souffler des mots doux indignés : jeanne@lespetitsresistants.com
🙋♀️ Un bon samaritain t’a transféré cette newsletter et tu es déjà accro ? Par ici pour la recevoir direct dans ta boîte et embarquer dans la bande des Petits résistants :
Sources : enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité de juin 2021 réalisée par Odoxa pour la Ligue contre l’obésité, avec le concours scientifique de la chaire santé de Sciences Po.