N°9 - 👰♀️ Elles se marièrent, eurent beaucoup d'enfants...
Et une charge mentale écolo en prime ! 🌿🗑️
👋 Hello la jolie compagnie ! Ce n’est pas parce qu’on vient de passer un octobre en crop top qu’il faut oublier l’inéluctable : Noël, c’est demain ! Je demande pardon aux allergiques des fêtes de fin d’année mais vu le climat ambiant, ici c’est décidé, on va balancer du chant de Noël, des pluies d’étoiles et de la cannelle pendant 2 mois. 💫
🎅 Qui dit Noël, dit cadeau, gabegie chez certains et surtout pour les petits. Aux grands maux, les grands remèdes, voici venu le temps (des jours heureux et) des éditions spéciales Noël. À vous de me dire ce dont vous avez besoin pour mieux consommer. Allez je vous aide : des marques qui fabriquent en Europe, la seconde main près de chez vous (et pas que sur internet), des cadeaux géniaux qui ne prennent pas de place, des conseils pour calmer les ardeurs de papi et mamie, etc.
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Au sommaire
En tête à tête avec Magali Trélohan, la charge mentale en vrac
L’actu qu’il fallait pas louper : panier bio sur ordonnance
Le récap’ en vrac d’infos engagées à consommer sans modération
Débunkage de fausse bonne idée : BCI, le faux-ami
Notre sélection vintage
🧡 En tête-à-tête
Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.
Dans ce numéro, je rencontre Magali Trélohan, enseignante-chercheuse à South Champagne Business School, qui nous parle d’une charge mentale nouvelle génération, celle teintée de vert, qu’on appelle “charge mentale écologique” ou “charge morale”. ✌️Ou comment en rajouter une couche dans l’injonction à la perfection. Entretien. 🧹🌿
Il y a d’abord eu le concept de “la charge mentale” théorisé en 1984 pour la première fois par Monique Haicault (qui la définissait alors comme “le fait de devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement”) puis vulgarisé auprès du grand public par la dessinatrice Emma et ses BD épicées. La charge mentale décrit le fardeau psychologique, émotionnel et mental associé à la gestion des tâches et des responsabilités au quotidien. À la sauce écolo, cette charge mentale se décline en charge morale et fait référence à la conscience des enjeux environnementaux et des responsabilités individuelles et collectives liées à la protection de l'environnement. Au quotidien, cela peut se traduire par la préoccupation constante de mettre en place des actions pour minimiser son empreinte carbone.
Dans un quotidien d’une famille un peu engagée, cela donne, au hasard Balthazar : acheter du riz en vrac, faire un compost, acheter des couches écolo ou MIEUX utiliser des couches lavables (allez savoir si cette bonne action nous offrira un aller direct vers la suite royale du paradis des écolos 🤷♀️ ), checker la composition de la crème solaire qui ne fout pas en l’air les coraux, acheter de la seconde main, et cuisiner maison. Vous avez l’idée.
L’écologie, un truc de (bonne) femme ?
Magali Trélohan nous explique que les travaux de recherche menés jusqu’à présent montrent que les femmes sont plus préoccupées par l’environnement et qu’elles adoptent davantage des comportements pro-environnementaux que les hommes dont les bilans carbone sont plombés notamment du fait de modes de transports adoptés pas très écolos, d’assiettes trop carnées, ou d’une moindre implication dans les éco-gestes du quotidien versus ceux des femmes.
Mais pourquoi les femmes se sentent-elles davantage concernées par l’environnement et deviennent-elles les chantres des éco-gestes du quotidien ? Cela peut s’expliquer d’abord par le fait que statistiquement les femmes prennent plus en charge les tâches domestiques. Ainsi, en 2016, selon l’INSEE, parmi les personnes en emploi vivant avec au moins un enfant mineur dans le foyer, 73 % des femmes déclarent faire plus de 7 heures de travail ménager par semaine, contre 31 % des hommes. Pendant le premier confinement en 2020, 83 % des femmes vivant avec des enfants y ont consacré plus de 4 heures par jour (contre 57 % des hommes). Il est donc logique d’avoir une conscience environnementale accrue : quand on a le nez dans le sopalin et les paquets de pâtes, on se rend davantage compte des déchets générés.
L’autre piste consisterait à regarder du côté des constructions sociales genrées. Comme l’explique Magali Trélohan : “Dans l'éducation donnée aux petites filles, les milieux familiaux et scolaires valorisent plus “le soin de…” et la coopération que chez un petit garçon, pour qui on mettra davantage en avant la compétition.” À l’âge adulte, cela se traduit ainsi par une écrasante présence des femmes dans les milieux du soin (infirmière, aide-soignante, sage-femme…) souligne encore Magali Trélohan. Une bonne nouvelle en sous-titre : ce que nous dit la théorie du “prendre soin” (le “care” en anglais) c’est qu’en éduquant en conscience et en évitant les préjugés, il est possible de rebattre les cartes des assignations sociales et de faire évoluer les comportements pro-environnementaux pour toutes… et tous.
Question de conformisme
C’est au cours de son travail de thèse sur la protection du littoral que Magali Trélohan commence à s’intéresser à la question du genre en lien avec les comportements pro-environnementaux. Elle complète son travail de thèse par des travaux de recherche à l’issue desquels elle constate que les femmes adoptent davantage des comportements pro-environnementaux par conformisme social aux attentes qu’elles supposent que l’on a d’elles. En particulier, elle conclut que les femmes réagissent fortement à la norme injonctive sur les comportements de protection de l’environnement. Comprendre : si on dit à une femme “il faut faire telle action pour protéger l’environnement”, les femmes vont beaucoup plus s’exécuter que les hommes. Avec à la clé la notion de culpabilité si elles ne se conforment pas à ce qu’il est attendu socialement d’elles. En terme de consommation, cela donne une cible parfaite au marketing vert pour déployer leurs arguments plus ou moins fallacieux. Gare au greenwashing mesdames et au diable la culpabilité : “ L'écologie c'est tout le temps et partout. Cela crée une charge qui ne s'arrête pas car c'est un sujet constant. Attention à la culpabilité, il ne faut pas que cela devienne un sacerdoce.”
De la notion de consommation
“Notre consommation dit qui on est” souligne Magali Trélohan. Et en matière de consommation les préjugés ont la vie dure. “De manière générale, que l’on soit homme ou femme, on a tendance à se conformer à notre identité de genre. En matière de consommation, acheter de la seconde main, pour un homme ou une femme ne déstabilise pas son identité de genre”. D’autres comportements de consommation sont en revanche beaucoup plus marqués par les stéréotypes. Ainsi en 2016, des chercheurs travaillant sur les liens entre les codes de virilité et les comportements écoresponsables avaient observé qu’une personne utilisant un sac réutilisable était perçue comme plus « féminine » qu’une autre utilisant un sac en plastique. De même manger de la viande renvoie davantage à la masculinité. Alors quand il s’agit de végétaliser les repas du foyer pour diminuer son empreinte carbone, c’est davantage les femmes qui impulsent le changement : “il y a pour les hommes un vrai coût d'entrée pour devenir végétarien.”
Si les travaux de recherche et la littérature font le constat que les femmes sont largement plus enclines à adopter des comportements pro-environnementaux, Magali Trélohan appelle à la nuance. Le propos n’étant pas de dire que tous les hommes sont d’affreux mâles égoïstes qui s’en tamponnent de la planète, mais bien de voir dans ce mécanisme induit par une socialisation genrée une opportunité de faire bouger les choses via l’éducation.
Et de conclure cet entretien par son rêve de Petit résistant : “Pour mes enfants, je rêve d’un monde plus féministe et donc plus humaniste. Penser que le féminisme est la recherche de la domination des femmes sur les hommes est un égarement. Le féminisme, dans sa large majorité, œuvre pour un monde juste, pour tous les humains. Et pour aller plus loin, je rêve d'un monde écoféministe, un monde où les dominations des humains sur la nature et entre les humains n'existeraient plus. En fait, je rêve d'une misarchie, comme dans l'ouvrage d'Emmanuel Dockès.”
Et vous ?
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Un peu d’ironie et de piquant dans ce monde de brutes ! Je vous partage ici la vidéo de la créatrice de contenu Coline, qui s’était emparée du sujet de la charge mentale écologique en 2020. "Et alors qu'on avait gagné un p'tit peu de temps avec les supermarchés et les micro-ondes, v'là que maintenant on doit s'occuper de sauver le monde, YES !". Très juste. 😅
🤓 L’actu qu’il fallait pas louper
Décryptage de l’actu qui m’a le plus chauffée… et cette fois enthousiasmée !
🤩 La députée du Bas-Rhin, Sandra Regol, a déposé une proposition de loi visant à faire financer par l’État des paniers hebdomadaires de fruits et légumes bio pour les femmes enceintes, sur le modèle d’une expérimentation menée à Strasbourg. 🛒🌿
💡 Depuis novembre 2022, la ville de Strasbourg a en effet mis en place un nouveau dispositif dit "Ordonnance verte" visant à limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens des femmes enceintes et de leurs futurs enfants pendant la grossesse.
Concrètement, les futures mères bénéficient gratuitement d’un panier hebdomadaire de légumes issus de l’agriculture biologique locale ainsi que de séances de sensibilisation sur les risques des perturbateurs endocriniens et les moyens de s’en protéger.
🤑 En se basant sur l’expérience strasbourgeoise, la députée à l’origine de la proposition de loi évalue le besoin de financement à 700 000 millions d’euros par an pour les 723 000 naissances attendues en France. « Soit un coût bien inférieur à celui de l’inaction ». En effet, une étude présentée en mars 2015 à un congrès mondial d'endocrinologie évaluait à 157 milliards d’euros par an les conséquences en Europe des perturbateurs endocriniens (troubles de l’attention, obésité infantile, diabète, infertilité, mortalité associée à un déficit de testostérone…).
🚀 “L'ordonnance verte est une mesure sanitaire, sociale et qui s'inscrit dans la transformation écologique du territoire, en soutenant la production agricole bio et locale” précise Alexandre Feltz, adjoint à la mairie de Strasbourg mais aussi médecin de profession.
S’il fallait encore démontrer que la consommation responsable profite à tous, en voici la preuve chers Petits résistants !
🗞️ Le récap’
Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.
👉 Mauvaises herbes. Le journal Le Monde révèle qu’une famille, dont le fils Théo souffre de lourdes malformations imputées au glyphosate, a obtenu réparation par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). C’est la première fois en France que l’herbicide est officiellement considéré comme une cause potentielle de malformations congénitales. Cette révélation médiatique s’inscrivait dans un contexte où l’Union Européenne devait se prononcer sur la reconduction ou non de l’autorisation du glyphosate pour 10 ans supplémentaires. Les 27 pays membres de l'Union européenne ont échoué à s'entendre le 13 octobre dernier sur le sujet (la France ayant choisi de ne pas se prononcer 🤐), ce qui conduira à un nouveau vote courant novembre. Affaire à suivre. 🌿📛
👉 Verre à moitié plein. L’article 13.II de la loi « Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire » (AGEC) entrée en vigueur le 1er janvier 2022, prévoyait l’information du consommateur sur la présence de perturbateurs endocriniens (PE) dans certaines catégories de produits. Trois arrêtés précisant les modalités d'information et la liste des substances viennent d’être publiés au Journal officiel du 12 octobre dernier. C’est indéniablement une avancée dans le droit du consommateur à faire des choix éclairés. Les spécialistes regrettent néanmoins la courte liste des perturbateurs endocriniens visés, certains dont ceux qui ne sont “que” des perturbateurs endocriniens dits suspectés étant passés à la trappe. Mieux que rien. Mais aurait pu mieux faire.
🙅🏽♀️ La fausse bonne idée
Je débunke pour vous la fausse bonne idée du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mère.
Vous avez sûrement dû croiser ce label BCI (“Better Cotton Initiative”) sur des étiquettes H&M (pour les rares qui y traînent encore je veux dire 😜) ou au dos des camions ACTION (“ce camion à double étage transporte nos chaussettes et serviettes en coton durable”. Tiens donc). En général, la mention est inscrite sur fond vert, et quand en plus elle est accompagnée du mot “durable”, ça fait un effet boeuf pour notre bonne conscience écoresponsable ! ✌️
🫣 Problème : this is a bit bullshit. Si vous pensiez acheter du coton bio, cultivé sans pesticide dans le respect de l’environnement et de la santé des travailleurs (qui auraient été correctement payés au passage), c’est raté.
Éloïse Moigno, co-fondatrice du label de la mode responsable Slo We are (que nous avions interviewée dans la newsletter n°2) explique dans son livre “le dessous des étiquettes” la controverse : “le label BCI représente aujourd’hui environ 12% de la production mondiale de coton. L’objectivité de la labellisation est controversée, le consortium réunissant majoritairement des grandes entreprises de la fast fashion, amenant à s’interroger sur son bien-fondé et sa mission.”
👉 Ce label ne possède aucune possibilité de contrôle de la traçabilité (pas de contrôle par un organisme indépendant), des conditions de travail et des substances toxiques utilisées (l’utilisation des graines d’OGM est tolérée et celle des pesticides n’est qu’encadrée pas interdite). Bref, une jolie démo de greenwashing par les géants du textile soucieux de montrer qu’ils font mieux. En vain. Retrouvez l’excellent reportage de Cash Investigation sur le sujet BCI (à partir de 1:31).
🎁 C’est cadeau !
Parce que vous avez mieux à faire que des recherches Google, j’ai sélectionné pour vous trois marques pour les kids version vintage.
Révision : consommer responsable c’est utiliser, user et réutiliser encore et encore. Valoriser le vieux pour faire du neuf. Et coup de bol c’est super tendance. Voici 3 marques so cool pour un saut dans le temps avec nos enfants !
1. Pépite Kids
Une boutique à Nantes et un e-shop canon pour habiller les minus à la sauce vintage des années 50 aux années 90.
2. Capharnaüm
LA marketplace de référence de la déco vintage dans l’univers de l’enfant. Ça aussi c’est pépite !
3. Chez Marcel Shop
Une sélection vintage pointue pour les enfants : des petits habits, des accessoires, du linge, de la déco...le tout dans une ambiance 80's et 90's !
Suite au prochain numéro !
🧡 Aux nouveaux venus, bienvenue ! On vous raconte tout du pourquoi du comment du média des Petits résistants, dans notre première lettre.
💡Pour être sûr de recevoir votre-désormais-email-préféré, on vous conseille d’enregistrer l’email : lespetitsresistants@substack.com, dans votre carnet d’adresses.
💬 Cette newsletter est pensée comme un canal de communication privilégié entre vous et le média. N’hésitez pas à me souffler des mots doux indignés : jeanne@lespetitsresistants.com
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