Bienvenue dans la newsletter numéro 2 des Petits résistants ! Vous n’êtes sûrement pas arrivés là totalement par hasard, mais si vous avez loupé notre premier envoi, ça vaut le coup d’y jeter un cil. On vous explique tout du pourquoi du comment de ce nouveau média. C’est donc par ici !
Au sommaire
En tête avec tête avec Eloïse Moigno, co-fondatrice du label de mode SloWeAre, qui se bat contre les fringues mal faites qui font du mal à la planète.
L’actu qu’il fallait pas louper : on pensait s’en être débarrassés bah c’est râté. Les bisphénols sont encore là, y compris dans les produits pour bébé. NDLR : peut agacer.
Le récap’ en vrac d’infos engagées à consommer sans modération.
Débunkage de fausse bonne idée : tout tout tout vous saurez tout sur le label Oeko-tex
Notre sélection cadeau pour bronzer avec le meilleur tube de l’été : notre top 3 des crèmes solaires !
🧡 En tête-à-tête
Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.
Dans ce numéro, je rencontre Eloïse Moigno, co-fondatrice du label de mode SloWeAre et co-auteure du livre La face cachée des étiquettes. Son combat à elle c’est la fringue mal faite qui ne fait pas du bien à la planète. Lutter contre le greenwashing, traquer les déclarations mensongères et porter les marques responsables : autant vous dire, ses engagements me parlent drôlement. Entretien.
Sur la première page de La face cachée des étiquettes, le ton est donné : « loin d’être futile, s’habiller est un acte engagé ». Cela fait plus de dix ans qu’Eloïse s’affaire à rendre la mode responsable plus accessible et compréhensible. Elle crée d’abord Eco fashion Paris, un site d’informations sur lequel elle valorise les marques engagées de la mode responsable. Au fil de l’eau, des vides dressings et afterworks organisés à la demande, elle mobilise de plus en plus autour de l’urgence de proposer des modes de faire plus éthiques dans la mode, et de démocratiser ces nouvelles pratiques. C’est pour apporter davantage de confiance, qu’elle crée en 2017 avec Thomas Ebélé, le label SloWeAre. L’objectif est d’authentifier de manière indépendante les marques de mode respectueuses de l’humain, de la planète et de la culture. Il y a aussi une volonté d’accompagner ces marques engagées pour leur éviter de tomber dans le piège des fausses bonnes idées. Eloïse prend l’exemple du tote bag, révélateur d’un vrai paradoxe écologique. Surproduit à tout-va par les marques (vous en avez combien vous chez vous ?) qui le présente à leurs clients comme un cadeau super écolo. Sauf que voilà, “l’impact de ce tote bag réalisé généralement en coton (connu pour être un grand consommateur d’eau et de pesticides) ne s’équilibre avec celui d’un sac plastique qu’au bout de 131 utilisations. Il faudrait compter au moins 7 000 utilisations pour amortir son impact sur l’environnement total, soit plus de 57 ans, à raison de trois utilisations par semaine”. Oups.
Donner des clés pour mieux s’habiller
En parallèle de SloWeAre, Eloïse et son associé décident d’auto-éditer un mini guide destiné à aider les consommateurs à décrypter les étiquettes des vêtements. À la demande générale, le guide est étoffé pour devenir un livre ultra-complet, pensé comme un mode d’emploi simple et accessible. Et ainsi naquit La face cachée des étiquettes. Derrière ce guide, la volonté que les consommateurs acquièrent un socle de connaissance.
“ On pense qu’il faut être parfait et tout connaître mais ce n’est pas le sujet. Quand tu achètes une voiture, tu te renseignes un minimum. Quand tu apprends une langue étrangère, tu apprends les rudiments pour te débrouiller. On veut proposer la même chose pour l’acte d’achat. Il faut que les consommateurs puissent avoir un bagage, des repères et avoir en tête des acteurs de confiance qui peuvent les guider”.
Et cela passe nécessairement par la compréhension des labels et par la connaissance des matières à privilégier : par exemple, comprendre qu’un coton est une matière certes naturelle, mais pas éco-friendly, ou encore savoir que les matières synthétiques à éviter, car issues de la pétrochimie, ont généralement un nom commençant par “poly”. Cela donne des clés.
Redonner du sens avec les bons mots
Eloïse alerte sur les problèmes de sémantique liés au fait que les marques conventionnelles, sans engagement particulier, utilisent à tort et à travers les mots “responsable”, “durable” et “éthique”. “Les marques de fast fashion aiment utiliser l’expression « matière écoresponsable » souvent pour justifier l’utilisation d’un coton amélioré qui utilise juste un peu moins de matière chimique qu’un coton traditionnel, mais pas beaucoup plus.” C’est le fameux label Better Coton Initiative, un label largement controversé très utilisé par les grands groupes soucieux de montrer leurs engagements responsables à leurs clients… quand bien même le label en question ne serait qu’une coquille vide (ou presque). On en avait parlé ici. Mais le résultat est là : qui connaît ce label en tant que consommateur ? Personne ou presque. Facile donc de duper les clients avec un “better coton”, quand on est une grosse marque avec beaucoup de moyens, et que l’on valorise ces initiatives vertes avec des micro capsules soit-disant engagées. À côté, les petites marques sincèrement éco friendly sont invisibilisées. “Le greenwashing, c’est très dangereux, car les marques qui s’évertuent à faire de gros efforts n’ont pas l’impact qu’elles mériteraient d’avoir d’un point de vue commercial, environnemental et social.”
Compter sur des lois plus ambitieuses
C’est formidable quand les initiatives privées font le job de rendre les choses un peu plus claires, mais c’est encore mieux quand elles sont soutenues par des politiques publiques ambitieuses. Alléluia ! Une nouvelle loi est arrivée : c’est la loi AGEC et elle concerne l’affichage environnemental sur les TLC (textiles, linge de maison, chaussures). De nouvelles contraintes destinées à entrer en vigueur de manière progressive entre janvier 2023 et 2025 sont posées. À l’image du nutri-score dans l’alimentaire, chaque vêtement obtient un score présenté sous la forme d’une note allant de A à E, dans une logique de transparence. Celle-ci prend en compte neuf critères englobant l’ensemble du cycle de vie du produit, des matières premières à la fin de vie en passant par la distribution. Génial non ? Sur le papier oui. Mais Eloïse alerte sur le fait que “la méthodologie n’est pas validée et sans l’arbitrage de l’ADEME (l’Agence de la transition écologique), chaque marque peut utiliser sa propre base de données et sa propre méthodologie. À terme, on a peur que la méthodologie adoptée favorise les grands acteurs au détriment des petits acteurs. On déplore aussi que la loi ne prenne pas en compte l’engagement social de la marque”.
Parier sur le moins et l’entretien pour une mode plus verte
Dis nous Eloïse, en tant que consommateur comment peut-on faire mieux facilement? C’est forcément cher non, d’acheter éthique ?
“Le principal problème à résoudre dans l’industrie de la mode, c’est le gaspillage vestimentaire lié à la surproduction. Et puisque l’important c’est d’acheter moins, l’usage doit rester la préoccupation centrale.”
L’usage ? Pourquoi l’usage ? “Selon l’ADEME, 50% de l’impact environnemental d’un vêtement dépend essentiellement de son usage et de son entretien.” Il faut donc absolument revoir nos bonnes pratiques de lavage (on laverait beaucoup trop, paraît-il!) pour faire durer nos vêtements. En bref, il faut acheter moins. Moins. Et encore moins. Et faire durer. Durer. Et encore durer.
Pour terminer l’entretien, je demande à Eloïse son rêve de Petit résistant, et la réponse fuse : “que l’on puisse réutiliser tous les vêtements que l’on a déjà et que l’on puisse les transformer. Bien sûr qu’il faudra toujours des vêtements neufs. Mais pour cela, il faudrait pouvoir utiliser uniquement des matières naturelles comme le lin. Il y a plein d’innovation et des techniques à inventer avec cette matière !”. Il n’y a plus qu’à…
🤓 L’actu qu’il fallait pas louper
Décryptage de l’actu qui m’a le plus chauffée.
🙈 Vous reprendrez bien un peu de Bisphénol ? L'UFC Que Choisir a publié une étude qui révèle la présence de bisphénol, dans un grand nombre de contenants et ... de produits pour bébé. Ce n'est pas la première fois et c’est lassant. Cerise sur le gâteau, une tétine de la marque dBb Remond fait l’objet d’un rappel conso, car elle contiendrait un taux alarmant de Bisphénol A.
🤔 Quel est le problème ? Le Bisphénol A (aussi appelé BPA) est une substance chimique largement utilisée pour la fabrication d’objets du quotidien en plastique. C’est un perturbateur endocrinien avéré qui affecte donc des hormones essentielles à la croissance et au développement. D’où son interdiction en France depuis 2010 dans les biberons et depuis 2015 dans les contenants alimentaires. Yalla.
🫣 Tout va bien donc ? Bof. Car les autres bisphénols utilisés en remplacement du BPA par les industriels sont aussi suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Le bisphénol, c’est le relou que tu mets à la porte et qui re-rentre par la fenêtre avec un accoutrement vaguement plus acceptable et en fait… NON. Bilan de l’opération, on retrouve les copains collants Bisphénol (y compris du BPA interdits par la loi donc) dans des conserves, des canettes de sodas, mais aussi… des produits destinés aux bébés. L’étude révèle des traces dans des collants ou des baskets pour enfants mais aussi, dans des produits destinés à atterrir tout droit dans la bouche des enfants, ou à très grande proximité : bavoirs, gourdes ou encore anneaux de dentition, mâchouillés à longueur de journée par les bébés. Un drôle de cocktail à la sauce pesticide que l’on aimerait voir vite (vite, vite, très vite) disparaître des menus enfant. L’UFC Que Choisir réclame donc l’interdiction de tous les bisphénols dans tous les produits du quotidien. Tous hein. Plus question de jouer la tolérance avec ce qu’on sait aujourd’hui.
🤓 Notre avis ? Évidemment, chez Les petits résistants, on plussoie. Mais… on sait ce que c’est. Entre les alertes, la prise en main par le législateur européen, le passage des lobbies, l’adoption de la réglementation et sa transposition dans les droits nationaux des Etats membres, nos enfants auront l’âge de notre Papy Jean.
🗒️ Notre reco ? Comme c’est manifestement aux consos de détecter les substances fourbes, on vous conseille pour éviter de croiser leur route de :
limiter la consommation de conserves alimentaires et boissons en canette.
vi-rer le plastique de la cuisine : l’inox, le verre et la céramique sont vos meilleurs amis.
préférer des biberons en verre.
ne pas réchauffer de contenants en plastique.
préférer les matières naturelles et/ou certifiées a minima Oeko-tex, et mieux encore GOTS.
Force.
🗞️ Le récap’
Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.
👉 Parce que la durabilité est au coeur du mieux consommer, réjouissons-nous du bonus au rapiéçage qui arrive pour nous inciter à faire durer la vie de nos vêtements. Avec, le boulot qui va leur tomber dessus - 🤞🏻- les cordonniers risquent bien d’être toujours aussi mal chaussés ! 👞
👉 L’agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) alerte sur la présence de l’octocrylène, un filtre UV chimique cancérigène que l'on retrouve notamment dans certaines crèmes solaires. Aaaaah les crèmes solaires et ses composants douteux. La saga de l’été, chaque année. Franchement, on s’en passerait bien. Rendez-vous à la fin de la newsletter pour faire le point avec nos bons conseils. ☀️
👉 « On est comme des enfants avec des jouets. Incapables de se mettre une limite. » Le média Reporterre fait l’interview de Stan Thuret, ex-skipper émérite qui a décidé d’abandonner son sport, qu’il juge être dans « l’hyperconsommation ». ⛵
👉 Le média l’ADN se penche sur les dérives de l’intelligence artificielle (IA) appliquée aux livres pour enfants : “dans notre glorieux futur de l’IA, les enfants riches colorient de vrais dinosaures pendant que les enfants pauvres grandissent en pensant que le stégosaure n’avait pas de queue et que la terre avait une deuxième lune qui ressemblait à un mamelon humain.” Une histoire, du n’importe quoi, et au lit ! 📚
🙅🏽♀️ La fausse bonne idée
Je débunke pour vous la fausse bonne idée du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mère.
🤔 What’s wrong ? Pour résumer, le label Oeko-Tex garantit principalement une chose : le produit est safe pour la santé. La base quoi. On ne devrait même pas en parler. Mais puisqu’il faut en passer par là et le garantir vu le niveau de n’importe quoi de productions chez certaines marques - 👀 - réjouissons-nous ! Ce label Oeko-tex a donc ses limites car il ne prend pas en compte l’ensemble de l’impact environnement du produit. Or, la culture du coton, est la principale culture consommatrice de pesticides au monde et nécessite d’importantes quantités d’eau douce. Pour vous faire une idée : la production d’un tee-shirt nécessite par exemple l’équivalent de 70 douches (chiffres de l’ADEME - l’agence de la transition énergétique). Bref, pas de quoi célébrer l’engagement écolo du label Oeko-tex.
✅ Question de label. Alors quelle certification pour le coton bio ? Le label GOTS est une safe place : des travailleurs qui bossent dans des conditions acceptables pour un salaire décent, et une planète préservée grâce à des fibres textiles provenant de l’agriculture biologique, et donc cultivées sans produit chimique ni pesticide. Le label GOTS, c’est donc lui qu’il faut retenir pour ne pas trébucher dans les pièges du greenwashing : coton bio + GOTS = c’est OUI.
⚠️ Quand le diable se cache dans les détails. Attention aux mentions louches :
“Contient du coton bio” : sans mention claire, il est probable que le pourcentage de coton bio soit infime et mélangé à des fibres synthétiques.
“Coton durable” : mention fourre-tour qui ne garantit rien.. à part peut-être une tentative de greenwashing ;)
Voyez. C’était pas si coton.
🎁 Au top
C’est cadeau ! Parce que vous avez mieux à faire que des recherches Google, j’ai fait pour vous une sélection… des meilleures crèmes solaires.⛱️☀️
🤯 On sait que pour beaucoup de parents qui tentent d’acheter au mieux, au plus clean (ou au moins pire), le sujet crème solaire est l’angoisse du printemps. Qui pour dégoter la crème solaire-efficace-mais-sans-perturbateur-endocrinien-facile-à-étaler-sans-trace-blanche-et-qui-ne-bousille-pas-les-fonds-marins ? Hein qui ? On laisse tomber. La crème solaire parfaite n’existe pas.
D’abord parce que les crèmes solaires, y compris celles qui agitent fièrement sur leur emballage le fameux “ocean friendly”, ont forcément un impact sur l’environnement. Ensuite parce-que dans le match “filtres chimiques versus filtres minéraux” : on est dans le moins pire. Les filtres chimiques qui ont des composants issus de la pétrochimie, pénètrent dans l’épiderme, contiennent des perturbateurs endocriniens et sont fortement allergènes. Pour Les petits résistants, c’est forcément non. Mais, côté filtres minéraux, ce n’est pas dingo non plus : les filtres restent certes à la surface de la peau et la crème est beaucoup moins allergène. En revanche, elles peuvent contenir - même quand elles sont bio - des nanoparticules suspectées d’être cancérigènes.
Ahahahaha. Au secours. Histoire sans fin. Qui donne envie de se planquer dans une grotte pour l’été.
Mais, comme c’est pas l’idée, qu’on aime la vie, les marchés ensoleillés avec l’enfant collé au mollet, le sable qui gratte, et le défi de l’atelier kids-crème-à-étaler, on s’en va s’équiper avec la crème la moins pire. Alors la voici, la voilà, notre sélection crème OK.
👇 Crèmes solaires - notre shopping list pour les nuls à la sauce responsable
la crème bébé et enfant de Laboratoire Biarritz
la crème solaire minérale solide de Comme avant
le baume solaire Stardust de Commette cosmétics
3, 2, 1… Etalez !
PS1. N’oubliez pas que le premier réflexe pour protéger les enfants du soleil est de ne pas les exposer.
PS2. Il faut 20 minutes pour que la crème solaire fasse effet. Dans un monde idéal - et loin de moi l’idée de charger la mule de la charge mentale 🤓😅 - pensez à anticiper !
👉 La suite au prochain numéro !
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