N°34 - Acheter des jouets neufs est-il un truc de gros ringard ?
"Mai 68. On disait non à la consommation et c'est devenu dix fois pire." Cabu
👋 Salut Les petits résistants !
Ça boome ? (Premier piège pour les ringards)
Les tubes de Mariah Carey sont sortis du congel et les catalogues de Noël trainent à nouveau sur la table basse. Pas de doute, vous êtes cernés : la charge mentale des cadeaux va vous tomber dessus dans 3, 2, 1…
Le black friday arrive mais ça serait quand même bien de cocher la case de la conso responsable. Quoiqu’après tout, puisque tout fout le camp (Elon Musk, futur co-dirigeant d’un ministère de l’efficacité gouvernementale (sic & WTF 😵💫) , les Français sont (encore) plus climatosceptiques qu’avant🫣, la maman de Tom Tom et Nana s’en est allée🕊️), pourquoi s’infliger la recherche du jouet en bois made in France sur Vinted ?
Car l’engagement c’est réconfortant ? C’est ce que nous souffle, Marie Robert aka Philosophie is sexy dans son livre “Le miracle du réconfort”.
“Les crises récentes, qu’elles soient écologiques, sanitaires, financières ou même métaphysiques nous placent parfois face à un immense sentiment de vertige. Cette lecture de notre réalité nous rend plus vulnérables et souvent nous décourage, nous donne envie de baisser les bras, de nous livrer dans l’individualisme et d’attendre que le déluge nous submerge. C’est oublier un peu vite la puissance de l’engagement dont j’avais envie de rappeler l’immense réconfort dont il était capable”.
Si l’engagement dans la consommation ne vous parle pas plus que ça, on vous autorise à vous réconforter dans l’immédiat dans le chocolat ou le rire. 🍫🧡
Deux derniers mots avant de commencer : la newsletter de l’année dernière sur le sujet de la seconde main (et de la non-culpabilité) est toujours disponible ici, et le site internet des Petits résistants est (enfin) disponible par là ! Tout vient à point à qui sait attendre.
🧡 Place au nouveau numéro. Attention, on y passe au scan votre coolitude de parent engagé. Bonne lecture à toutes et à tous ! C’est parti pour la ligne droite de Noël.
Au sommaire
Fo-fo-cus : à quelle sauce la grande distrib mange-t-elle les jouets d’occasion ?
Les grandes gueules : bla-bla-chut
Le vrac d’actu
C’est cadeau : les bonnes adresses de l’occasion
🪀 Fo-fo-focus
Dans un temps pas si lointain, les jouets d’occasion étaient ces jeux poussiéreux dénichés dans les brocantes, qui n’auraient jamais osé s’inviter à un anniversaire ou sous le sapin. Voilà qu’aujourd’hui ils colonisent les rayons de nos hypermarchés. La révolution de la consommation de jouets serait-elle en marche ?
Jouets… d’occasion mais plus très rares
Si les sondages et les études menés sur le sujet ne sortent jamais les mêmes chiffres, tous s’accordent néanmoins sur une tendance : le jouet de seconde main se fait de plus en plus présent sur le marché du jouet.
Ainsi, selon les chiffres du panéliste Circana1, les ventes de jeux et de jouets d’occasion se sont élevées à 270 M€ en France en 2023, en hausse de 26 % par rapport à l’année précédente. Tout de même. La seconde main représente, ainsi, près de 6 % du chiffre d’affaires du secteur du jouet. Quand même.
De l’internet aux rayons
La révolution de la seconde main s’est d’abord faite sur internet (86% des achats de jouets de seconde main) avec en acteurs clé Le Bon Coin et Vinted, chez qui on va dégoter, à force de scroll, des jouets par milliers. Et pour nous faciliter la vie, nous rassurer sur l’état des jouets et les transactions foireuses, de nouveaux acteurs ont émergé. C’est le cas notamment de KIDIBAM et JOUGA (ex-Lady Cocotte) dont les fondateurs François Truong et Laura Bos nous ont confié les difficultés à trouver un modèle rentable en BtoC (comprendre : vendre directement à nous parents). La faute aux prix riquiquis et aux marges raplaplas. Alors quand la grande distribution est venue toquer pour nouer des partenariats, l’un et l’autre ont ouvert la porte. Malin.
Qui aurait pu imaginer, il y a encore quelques années, que l’on retrouverait dans les temples de la grande conso, des produits d’occasion ? Dans les rayons de certains Intermarché ou encore chez Cultura, JOUGA installe désormais ses jouets soigneusement sélectionnés et nettoyés dans des petits packaging en kraft. Les jouets d’occasion côtoient désormais les jouets neufs dans les grandes surfaces. Et c’est la même chez les acteurs majeurs de l’industrie qui ont aussi pris le virage de l’occasion. Par simple opportunisme de marché ou réels engagements RSE ? “Dans tous les cas, cela va dans le bon sens de la démocratisation du marché !” se félicite Laura Bos. King Jouet a ainsi lancé son offre King Okaz dans une partie de ses magasins, tout comme Joué Club avec Troc O'Joué. Chez KIDIBAM, on voit aussi les commandes des grandes enseignes se renouveler, signe du dynamisme du marché.
Quels prochains défis pour la seconde main ?
Selon l’ADEME, 100 000 tonnes de jouets sont jetées chaque année, alors qu’un jouet a une durée de vie de 15 ans en moyenne. Dans une perspective écologique, il faut se rappeler que le ré-emploi est toujours la meilleure option. Ce marché de l’occasion qui s’impose est donc forcément une bonne nouvelle, alors que les prévisions les plus optimistes tablent sur une part de marché de 16% à l’horizon 2030. Carrément !
Mais qu’on ne se trompe pas, plus que l’enjeu écologique, c’est d’abord pour des raisons économiques que les consommateurs se tournent vers le jouet de seconde main (73%). Les autres raisons ? Trouver des jouets qui ne se vendent plus, pouvoir faire plus de cadeaux à ses enfants. Les freins à l’achat ? Principalement, un problème de désirabilité et des doutes sur la qualité des produits, liés à l’impossibilité de toucher en cas d’achat online. Le grand débarquement des jouets d’occasion dans les rayons pourrait donc venir lever ces barrières et faire exploser les compteurs.
François Truong nous rappelle : “Seulement 1 jouet sur 25 est aujourd’hui réemployé alors que 1 sur 2 pourrait l’être concrètement.” Bref, encore du pain sur la planche, et des jouets à bichonner !
Et vous, vous allez passer le pas ?
🗣️ Les grandes gueules
👉 Faut-il rendre le Nutriscore européen obligatoire ? La ministre de la santé, Geneviève Darrieussecq, a répondu non à cette question en dépit des nombreux appels de chercheurs présentant, eux, ce Nutriscore, comme un véritable outil de santé publique à adopter d’urgence : incitation des industriels à améliorer la composition nutritionnelle des aliments, moins de pathologies chroniques liées à une mauvaise alimentation, baisse des dépenses annuelles de santé publique, etc.
“Le nutriscore ? Un truc limite communiste qui plombe les entreprises”, s’est quant à lui exclamé Emmanuel De Villiers.
Un truc de communiste ou un truc de santé publique ? On a posé la question à des experts.
📢 Serge Hercberg, épidémiologiste et nutritionniste français, professeur à l’Université Sorbonne Paris Nord, spécialiste de la nutrition en santé publique.
📢 Mélanie Deschasaux-Tanguy, chargée de recherche à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM)
💡 Rappel à toutes fins utiles aux parents :
Des rigolos s’amusent - notamment sur les paquets de biscuits du goûter de vos enfants - à troquer un Nutriscore qui ne leur est plus favorable contre la mention d’un Planet-Score. C’est super, mais ça ne raconte pas la même chose : affichage nutritionnel versus affichage environnemental (on résume). Ne vous faites pas berner !
Si vous étiez de ces parents trop contents de faire une bonne action nutritionnelle en achetant des Chocapic Nutriscore A (les fameux), sachez que c’est fini tout ça (on vous l’a déjà dit, mais on répète). Le nouveau barême Nutriscore a permis de corriger quelques errances, et les Chocapic en font partie. Ils sont désormais, comme leurs autres copines (= les céréales bien sucrées du petit déjeuner) notées C (au mieux).
👉 Michel Onfray, habitué des sorties climatosceptiques, a dérapéclaré sur CNews (ça alors) :
“Plus vous passez de temps à expliquer aux enfants qu’il faut faire attention au climat […] moins vous passez de temps à apprendre à lire, à écrire, à compter et à penser, c’est évident.”
Des professeur.e.s dans la salle pour réagir ?
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🗞️ Le big récap’
Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.
👉 Attention les yeux. Amazon, qui était à deux doigts de passer pour un modèle du genre écoresponsable depuis l’arrivée sur le marché de ses copains chinois Temu et Shein, se met au niveau de leur médiocrité avec le lancement de Haul, une nouvelle offre de produits à prix ultra bas. Une pièce en plus dans la machine de la surconsommation. Ça manquait.
💡 Bon courage aux parents d’ado qui pourraient bien être tentés par le very-pas-cher. Si vous voulez vous lancer dans une éducation pour contrer le marketing agressif qui cible nos grands enfants, ressources utiles ici. Avec vous. ✊
👉 Avis aux parents d’enfants de 8 à 11 ans. La plateforme gratuite Lumni lance le programme “Sexotrucs”, des pastilles de 3 minutes utiles pour engager la conversation entre parents et enfants sur le sujet de l’éducation sexuelle et affective. Et notamment “comment on fait des bébés ?”, “sentiments amoureux”, mais aussi des pastilles sur les “notions de consentement” ou le sujet difficile des “agressions sexuelles”.
💡 Entendu : le rappel (très) utile de la notion de bon et mauvais secret. Les bons secrets rendent heureux, les mauvais nous rendent mal à l’aise ou même honteux. À répéter et rabâcher à nos enfants !
👉 Selon une nouvelle étude, la réduction de la consommation de sucre au cours des deux premières années de vie du bébé, ainsi que pendant la grossesse, peut diminuer le risque de maladies chroniques plus tard dans la vie.
Et hop ! Un petit coup de charge mentale et de culpabilité pour les futures mamans ! 😅
🎁 C’est cadeau !
Parce que vous avez mieux à faire que des recherches Google, j’ai sélectionné pour vous les bonnes adresses pour de la seconde main au pied du sapin !
👉 Pour les virées shopping online : Yoti, Label Emmaus, Club Sourire, Kidibam, Badoum Badoum, De Môme en Môme.
👉 Pour les virées de la vraie vie et faire vivre les boutiques de quartier : l’ADEME a mis en place une carte interactive accessible ici.
Suite au prochain numéro !
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Enquête Ecomaison x Circana sur les jeux et jouets d’occasion - septembre 2024