N°24 - Laisse pas traîner ton fils.

✊ « Si vous pensez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance. » Abraham Lincoln

May 24, 2024

👋 Hello et bienvenue dans cette nouvelle édition de la newsletter dans laquelle on va parler… éducation. 🤓 Avant de donner la parole à deux expertes en la matière, deux petits rappels calendrier. Sortez les agendas !

🗳️ Aux urnes. Les élections européennes se tiendront les 8 et 9 juin prochains. À nouveau, l’abstention s’annonce comme un enjeu majeur et ses causes sont multiples. Parmi elles, le manque d’information et d’intérêt pour les enjeux européens. Si vous êtes paumés, l’association Makesense lance une plateforme pour tout piger à l’Union européenne. Remember : “Si vous ne vous occupez pas de la politique, elle s’occupera de vous”.

Capture d’écran de la plateforme Chiche par l’association Makesense

📆 Rendez-vous mercredi 29 mai à 20h30, pour assister à notre conférence en ligne sur le thème de l’éducation à la sexualité des jeunes enfants, organisée en partenariat avec l’association de parents d’élèves l’e-mp. Nous échangerons avec Margaux Terrou, sexologue clinicienne, sur les enjeux de l’éveil au consentement et vous repartirez avec une boîte à outils pour aborder, avec les bons mots, ces questions à la maison.

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🧡 Place au nouveau numéro. Bonne lecture à toutes et à tous !

Pour les nouveaux qui voudraient se faire un petit rattrapage, les anciens numéros sont par ici.

“La rue a su me prendre car elle me faisait confiance, chose qui avec mon père était comme de la nuisance.” Paroles de Laisse pas traîner ton fils © Authentik Publishing

Au sommaire

En tête à tête avec Stéphanie d’Esclaibes, l’éducation en action
La fausse bonne idée : les soft skills pour tous
Le récap’ en vrac d’infos engagées à consommer sans modération
C’est cadeau : la boîte à outils éducative pour les nuls

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🧡 En tête-à-tête

Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.

Dans ce numéro, je rencontre Stéphanie d’Esclaibes, fondatrice du podcast Les adultes de demain, qui met dans vos oreilles les récits de celles et ceux qui veulent changer le monde par l’éducation. Carrément Les petits résistants ! Portrait.

Les questions d’éducation, Stéphanie d’Esclaibes en connait un rayon, car elle est tombée dans la marmite de cette potion magique toute petite. Parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, ses parents, qui avaient envie d’offrir à leur fils aîné une éducation différente de celle qu’ils avaient reçue, décident de créer une maternelle basée sur une pédagogie novatrice : “Ma mère s’est renseignée sur les différentes pédagogies alternatives notamment celles existant en Amérique du Nord et est tombée amoureuse de la pédagogie Montessori. Mes parents ont donc créé une école maternelle qui a ensuite grandi en même temps que mes frères et sœurs. Le premier lycée international Montessori a ainsi vu le jour en France dans les années 90 à l’initiative de mes parents.”

Faire l’école autrement

Alors que retient-on d’une scolarité et d’une enfance imprégnées par la philosophie Montessori ? “J'ai vécu une scolarité extrêmement heureuse. C'est le cas également pour mes frères et sœurs. Et je sais aujourd'hui que c’est un énorme privilège d’avoir vécu cela.” Au coeur de la philosophie Montessori, il y a la notion de capital humain, la volonté de développer le bien-être et la confiance en soi des enfants, avant les compétences académiques. Stéphanie confie : “À l’époque, mes parents ont essuyé des critiques féroces, accusés tour à tour de marginaliser leurs enfants ou de créer un mouvement sectaire.” 30 ans plus tard, Stéphanie fait un constat heureux : “Mes parents ont tenu bon car ils voyaient des résultats excellents : des enfants qui étaient heureux d’être à l’école et qui vivaient une scolarité épanouissante. Aujourd’hui, je connais les bénéfices et la force d’un enseignement qui nous a appris la confiance et nous a amenés à développer nos talents. On est ensuite armés pour s’adapter à tout type de contexte.”

Si elle est convaincue du bénéfice de cette scolarité différente, pas question pour Stéphanie de taper sur l’école publique : “Je suis certaine que c’est le projet qu’il faut pour notre société, mais aujourd’hui l’éducation nationale vit une crise profonde. Malheureusement, sauf exception, car je sais qu’il y a des initiatives formidables mises en place dans certaines classes d’écoles publiques, les enseignants n’ont pas le temps, les moyens, ni la formation adéquate pour mettre en place d’autres types de pédagogies.” À la faveur d’effectifs plus légers, c’est donc majoritairement les écoles privées qui s’emparent de ces sujets.

“N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands.”

Maria Montessori

Éduquer autrement

Chassez le naturel et il revient au galop. Avant même de lancer son podcast, Stéphanie d’Esclaibes s’est fait rattraper par le monde d’éducation et les enfants. Alors qu’elle travaille au sein d’une grande entreprise sur différentes postes, on l’appelle ainsi pour lancer le premier programme philanthropique dédié à l’apprentissage de l’informatique pour les jeunes.

Alors quand on a les deux pieds dans le monde de l’éducation depuis toujours, devenir maman, trop facile non ? “Avoir un enfant a développé mon écoanxiété. J’arrivais avant à mettre davantage de distance avec les sujets écologiques. Aujourd’hui, cela me donne envie d’aller explorer encore plus les projets éducatifs autour de la nature. Je suis très curieuse de ce que la pédagogie Forest School peut offrir à nos enfants. Le fait de devenir maman a renforcé encore plus mon engagement et militantisme pour prendre soin de l’enfance.”

“Je souhaite pour mon fils de grandir dans une société où les droits des enfants sont non seulement reconnus mais aussi et surtout, une priorité dans l’ensemble des sphères de notre société, quelles qu’elles soient : politiques, économiques et urbaines, etc.”

Penser le monde autrement

Parce que l’éducation n’est pas que l’affaire des professeurs, Stéphanie décide de mettre dans les oreilles du plus grand nombre les préceptes des nouveaux modes d’éducation. Elle co-crée alors avec sa mère Sylvie en 2020, le podcast “Les adultes de demain” avec pour mission de partager du contenu en faveur d'une éducation plus adaptée au monde de demain. Au programme, un épisode au format interview animé par Stéphanie, pour accompagner les enfants, du nouveau-né à l’adolescent ainsi qu’une chronique, appelée “pause éducative”, dans laquelle Sylvie répond aux grandes questions des parents sur les enfants. La chronique best-seller autour de la lecture est à écouter d’urgence ! Aujourd’hui, le podcast cumule près de 2 millions d’écoutes et les plus grands noms (Boris Cyrulnik, Isabelle Filliozat notamment) ont défilé au micro de Stéphanie. De quoi vous inspirer pendant des heures d’écoute sur des sujets variés autour de l’éducation. À vous de jouer. 1, 2, 3, éduquez !

🎤 Retrouvez le podcast Les adultes de demain sur toutes les plateformes d'écoute dont Apple Podcast, Spotify et Deezer. 1 format interview et 1 format chronique appelé “pause éducative” pour repartir avec des conseils très concrets sur une question d’éducation.

📍La bonne reco de Stéphanie d’Estaibes

Le compte Instagram @cool.kids.in.paris, le guide parisien des parents curieux à la recherche de bonnes adresses de restau et activités pour des sorties parisiennes en famille !

🙅🏽‍♀️ La fausse bonne idée

Je débunke pour vous la fausse bonne idée du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mère.

🤓 Les soft skills, ça vous dit quelque chose ?

Aussi appelées compétences psychosociales (CPS), ou encore “compétences douces”, c’est selon la définition de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la capacité d’une personne :

à faire face efficacement aux exigences et aux défis de la vie quotidienne
à maintenir un état de bien-être psychique et à le démontrer par un comportement adapté et positif lors d’interactions avec les autres, sa culture et son environnement.

L’OMS préconise de développer les soft skills des enfants trois heures par semaine (deux heures à la maison et une heure à l’école), autrement dit travailler avec nos enfants, les compétences émotionnelles (accueillir les émotions, la résilience, l’intelligence émotionnelle), les compétences cognitives (la confiance en soi, l’esprit critique, la persévérance) et les compétences relationnelles (savoir coopérer, résoudre les conflits).

En les découvrant dès le plus jeune âge, les enfants se préparent à embrasser des métiers qui n’existent pas encore, à agir sur leurs apprentissages et sur leur avenir. Plus que des compétences académiques, il s’agit d’armer les enfants de compétences douces comportementales qu’ils pourront mobiliser, notamment dans un contexte professionnel, afin d’atteindre un résultat. Quand bien même ils n’auraient pas la formation initiale correspondante.

Des enfants bien dans leurs baskets prêts à affronter les défis du monde demain, avec ou sans diplôme, mais de la confiance plein les poches. Il vous plaît ce programme ?

💡 La parole aux experts !

Solène Bocquillon-Le Goaziou fondatrice de Soft Kids, première application au monde permettant de cultiver les compétences socio-comportementales des enfants, est experte du sujet et nous livre son éclairage :

“C’est fou de voir à quel point la société nous a fait croire que les compétences académiques étaient plus importantes que les compétences humaines. Il est urgent de remettre les compétences humaines sur le devant de la scène à bien des égards.

👉 Sur la confiance en soi : “Aujourd’hui, la valeur donnée aux élèves est intrinsèquement liée aux notes qu’ils obtiennent. Résultat, les enfants n’ont pas confiance en eux. Dans la dernière enquête PISA de l’OCDE, la France est classée 62ème sur 65 pays en ce qui concerne le niveau de confiance en soi de ses élèves.” Bonnet d’âne.

👉 Sur l’esprit critique : “La pensée critique est selon moi un enjeu de société et un élément indispensable à la survie de nos démocraties. Avec l’explosion des fake news, il est parfois difficile de faire la distinction entre le vrai et le faux. Il est important d’outiller les enfants sur cette question.”

👉 Sur l’accueil des émotions et la résilience : “Nous sommes soumis à une surabondance d’information et tout le monde n’a pas les mêmes capacités d’absorption de ces informations.”

“Il faut apprendre à désapprendre” s’insurge Solenne. Et il faut apprendre à valoriser ce qui doit l’être. Réussir à répondre à la question : “Comment va ton enfant ? Comment ça se passe à l’école ? ” en mettant en avant les qualités comportementales de son enfant plutôt que ses compétences académiques : “Il est créatif, autonome, joyeux et sait bien résoudre les problèmes”. Qu’importe son dernier 8/20 en géométrie ?

À méditer les parents ;-)

On reparlera des soft skills très vite chez Les petits résistants !

🗞️ Le récap’

Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.

👉 C’est ouvert ! Vous vous rappelez des Enfants Dehors (dont on vous avait parlé ici) ? Cette aire de jeu naturelle, pensée comme un paradis de nature pour les familles urbaines, ouvre ses portes à Montpellier ce week-end ! Au programme : “Jeu libre au contact du vivant → prévoir des changes pour celles et ceux qui craignent de se salir, nous avons des bottes” (sic). Le ton est donné !

👉 En parlant d’extérieur… Dans une tribune parue dans le journal Le Monde, un collectif d’acteurs de l’éducation plaide pour un meilleur encouragement de l’enseignement dans la nature : “Aujourd’hui, en moyenne, un enfant de 9 ans a de moins bonnes capacités physiques qu’une personne active de 65 ans. En cause, une vie qui manque d’activités physiques (pas assez en mouvement) et trop de sédentarité (trop assis dans la journée)”. 🙈

👉 Après l’ultra fast-fashion, please welcome la fast-déco ! Dans un rapport, Zero Waste France, le Réseau National des Ressourceries et Recycleries et Les Amis de la Terre France alertent sur les conséquences de l’explosion des chiffres des éléments d’ameublement mis sur le marché en France (+88% entre 2017 et 2022) : au moment de la production (impacts sociaux, pression sur les ressources), de la consommation (impacts sur la santé des consommateur·ices) ou de la fin de vie des produits (production de déchets issus d’éléments d’ameublement ou de décoration). Les solutions ? La déconsommation et le réemploi. À ce sujet, si vous ne connaissez pas encore le nouveau Vinted de la déco, allez découvrir d’urgence : ça s’appelle Homycrush. Attention, haut potentiel d’addiction. À consommer avec modération ;)

👉 En parlant d’occasion… Smala, l’e-shop dédié aux vêtements de seconde-main pour enfant, annonce avoir atteint son seuil de rentabilité. Toujours une bonne nouvelle de trouver en bonne santé des initiatives qui vont dans le bon sens de la consommation !

👉 Alerte santé. L’agence Nationale de Sécurité du Médicament (l’ANSM) alerte sur un défaut d’impression de pipettes graduées de Doliprane 2,4 % suspension buvable. Plus d’1,3 million de boîtes sont concernées. 😱

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🎁 C’est cadeau !

Parce que vous avez mieux à faire que des recherches Google, je vous fais une sélection de ressources sur le sujet des pédagogies alternatives et des softs skills.

Au croisement de la parole portée par Solenne Bocquillon–Le Goaziou et Stéphanie d’Esclaibes, il y a cette croyance très forte en la co-éducation et la nécessité d’associer les différents éducateurs, que ce soit l’école ou les parents. Cela veut dire en tant que parents, accepter qu’éduquer ça soit un peu de boulot et qu’il nous faudra un peu de patience. On n’insuffle pas de la confiance en deux coups de cuillères à pot (“chaque habitude prend entre 3 et 6 mois à se mettre en place” prévient Solenne). On n’insuffle pas de la pédagogie Montessori en achetant 3 jouets d’éveil sur un site dédié. (“Montessori est avant tout une philosophie de vie” nous rappelle Stéphanie). Pour vous inspirer sur ces sujets d’éducation, tour d’horizon des recommandations de nos expertes !

👉 Éduquer autrement - tour d'horizon des pédagogies alternatives de Sylvain Wagnon