N°20 - Qui veut la peau de nos poêles ?
"Ceux qui pensent que c'est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient."
🧡 Good good morning ! Bienvenue aux petits nouveaux dans la bande des Petits résistants. Déjà 20 numéros !
Dans cette nouvelle édition, on parle essentiellement de sujets consos. Notre entretien du jour fera la démonstration que l’éducation est la mère de toutes les batailles y compris en matière de consommation pour planter les bonnes graines chez notre #générationsolution (qui mange des fraises en hiver ? qui ? qui ?)
“L’actu qui nous chauffe” montrera à quel point nous avons besoin dans le même temps de politiques publiques ambitieuses. On veut des lois qui viennent contraindre les industriels à ne pas faire n’importe quoi. On veut des lois qui viennent soulager notre charge mentale de parents qui veulent bien faire !
👉 Ah ! Et parce qu’ici on essaye de mettre un peu de soleil entre 2 tartines de mauvaises nouvelles écolo, inauguration dans ce nouveau numéro d’une rubrique bonne reco par un de nos invité.es. Ça sera un lieu, un site internet, une marque, dans l’esprit Les petits résistants, qui vous aidera à mettre de la joie dans votre vie de parents. Let’s start.
📆 Au prochain numéro, on débarquera avec un cadeau qui ravira les papilles de vos enfants et soulagera votre charge mentale de parents. Soyez au rendez-vous !
🧡 Place au nouveau numéro. Bonne lecture à toutes et à tous !
Au sommaire
En tête à tête avec Julia Kagelmann, l’écoptimisme minimaliste
L’actu qu’il fallait pas louper : pile poêle ce qu’on ne veut pas
Le récap’ en vrac d’infos engagées à consommer sans modération
La fausse bonne idée : mettre de l’huile sur le feu
🧡 En tête-à-tête
Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.
Dans ce numéro, je rencontre Julia Kagelmann, entrepreneure et maman engagée, elle vit comme tous les parents, l’Amour Tempête avec ses 3 jeunes enfants. Allemande expatriée en France, et écoptimiste de naissance, elle nous raconte son projet entrepreneurial, une gamme de soins pour les plus petits, pensée comme son monde rêvé : un joyeux foutoir naturel et minimaliste ! Entretien.
Julia naît en Allemagne, part faire ses études en Espagne, y rencontre un Français et atterrit à Paris pour devenir responsable partenariats et soutenir les projets culturels dans une grande maison de luxe : “C’était le job rêvé mais une fois arrivée là, c’était quoi la prochaine étape ?”. La fameuse crise de sens déclenchée par l’arrivée du dernier, à la faveur du COVID aussi, et surtout motivée par l’envie d’avoir de l’impact dans son travail. Les idées fusent (toujours teintées d’écologie) et une s’impose : celle de créer des produits de soin 0-3 ans, beaux, naturels et minimalistes. Julia s’étonne en effet de voir des gammes de produits à l’infini pour les 0-3 ans (eau micellaire, liniment, eau rafraîchissante, crème visage…) avec des listes d’ingrédients à rallonge “alors que les recommandations des autorités sanitaires sont d’appliquer le moins de produits possible sur la peau des tout petits”. Sa double culture lui fait réaliser l’absurdité de certaines habitudes de consommation ancrées en dépit du bon sens : “En arrivant en France, je constate que pour les parents le liniment est un incontournable, alors qu’en Allemagne ça n’existe même pas !” De quoi faire réfléchir sur la puissance du marketing des marques championnes pour créer des besoins… qui n’en sont pas.
Ainsi naît Amour Tempête, une gamme de 3 soins minimalistes (un soin lavant pour nettoyer, une huile pour nourrir et un baume pour réparer) pensée dans une démarche d’écoconception totale (sans plastique), et imaginée avec son associée Elma, docteure en pharmacie. Le fameux principe du “moins mais mieux” qui, dans la cosmétique comme ailleurs, montre que santé et consommation responsable (= déconsommer) sont souvent liées. Au coeur de leur action, aussi, l’envie de représenter une parentalité imparfaite, loin des clichés et des images figées de la famille Bébé Cadum et du poupon toujours souriant. Alors que, alors que… on la connaît à la réalité : beaucoup d’amour et quelques tempêtes ;)
«À la naissance d'un enfant, en tant que parents, nous avons la chance de pouvoir faire changer les habitudes et émerger de nouvelles idées. Pour moi, tout est une question de trans- mission et d'éducation. Par exemple, éveiller sa curiosité sur le monde, développer son sens critique et surtout, sensibiliser à un mode de consommation plus responsable."
Julia est de nature joyeuse et pas écoanxieuse. Évidemment, elle mange parfois des pizzas surgelées mais elle est plutôt du genre engagée. Et ça ne lui vient pas de nulle part : “Je suis très éco-consciente grâce à mon éducation. En Allemagne, on apprend le tri avant d’apprendre à marcher ! Alors quand je suis arrivée en France il y a 15 ans, il y a des choses qui m’ont surprise. La gourde par exemple. En Allemagne, et dès le plus jeune âge, tout le monde en a une. En France j’ai l’impression que c’est LA grande tendance depuis 5 ans…” Julia confesse que de l’autre côté du Rhin, elle n’a pas retrouvé ces valeurs écolo dans l’éducation portée aux petits Français : “C’est dommage, parce que quand on t’inculque les choses depuis tout petit alors on ne se pose plus de questions, ce ne sont pas des efforts et ce n’est pas vécu comme des sacrifices !”
Cette philosophie de la joie on la partage à fond chez Les petits résistants (et on en avait déjà fait la démo par A+B dans notre newsletter dédiée à l’alimentation) : “L’important est de partager du positif aux enfants. Par exemple pour la nourriture, leur montrer le vrai goût des choses et faire la cuisine avec eux, pour leur montrer que manger de saison, non ce n’est pas du sacrifice !” Avis aux adultes qui ne peuvent pas se passer de tartes aux fraises en hiver, un autre monde est possible. Essayez et faites passer le mot à vos enfants ! Cet entretien qui finit de nous convaincre que l’éducation est définitivement l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde.
📍La bonne reco de Julia Kagelmann
🍽️ Le restaurant “le passage à niveau” - 2, bis rue de l’Ourcq - 75019 Paris
Entre une voie de chemin de fer (sur la petite ceinture), un potager, du Street Art et 7,50 Euros le menu pour les enfants que vous pouvez laisser courir tranquilles dehors, sans voiture ou TGV à l’horizon. Le pied ! Le tout intégré à un projet engagé comme on aime, un espace agri-urbain “La ferme du rail” qui mêle écologie et inclusion. À table !
🤓 L’actu qu’il fallait pas louper
C’était le feuilleton de la semaine. Cédera ou ne cédera pas aux lobbies ? On rembobine.
Historique des faits
Le 23 mars dernier l’activiste écologiste Camille Étienne et le réalisateur Solal Moisan sort sur Youtube “Toxic Bodies”, un documentaire dans lequel ils alertent sur ce qu’ils présentent comme un enjeu de santé publique et un scandale sanitaire sans précédent : la présence de polluants éternels aussi appelés “Pfas”, des substances chimiques très persistantes dans le corps humain et la nature qui sont présentes dans de nombreux objets de notre quotidien : les emballages alimentaires, les ustensiles de cuisine, les vernis, le shampooing…
Très vite, le débat se polarise autour de la question des poêles en Téflon (que l’on a tous dans nos placards) et du groupe Seb accusé de connaître depuis des années la toxicité du revêtement de leurs poêles.
Hier, jeudi 3 avril, le député Nicolas Thierry (Les Écologistes) défendait à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à faire interdire les usages non essentiels de ces polluants éternels.
La veille, les salariés du groupe Seb avaient manifesté devant l’Assemblée Nationale pour demander le retrait de la proposition de loi arguant du fait que cette interdiction reviendrait à supprimer 3 000 emplois au sein du groupe. Le fameux “chantage à l’emploi”.
Qu’a donné ce vote ?
Parce que Les petits résistants sont d’incorrigibles optimistes on retiendra une proposition de loi historique adoptée par l’Assemblée Nationale ! C’est une première au monde : un pays interdit les polluants éternels dans les cosmétiques, les textiles d’habillement et les farts de ski. Et cela dès 2026. Le principe du pollueur-payeur est également adopté.
Dans une lecture “verre à moitié vide”, on regrettera (euphémisme) l’absence des premiers concernés par la proposition de loi : les ustensiles de cuisine… La poêle en Téflon a encore de beaux jours devant elle. Et à défaut d’une politique publique ambitieuse et courageuse pour préserver la santé, c’est donc aux consommateurs de naviguer parmi les options pour s’équiper en cuisine sans s’intoxiquer. A-ga-çant.
💡 Quelles solutions pour éviter les Pfas ?
Les conseils d’Éléni Gravière, chimiste et spécialiste en santé environnement.
✅ Poêles, casseroles et plats : choisir de l'inox, du verre ou de la fonte (le fer). Attention aux revêtements type pierre ou céramique qui sont souvent recouverts d'une couche anti adhésive (même transparente).
✅ Cosmétiques : en attendant 2026, faire le choix des labels bio.
🚫 Poêles : n’utilisez pas celles avec des revêtements antiadhésifs.
🫤 Textiles techniques ou innovants, comme les vêtements en tissus imperméables qui le sont… grâce aux Pfas : à éviter.
→ Retrouvez la liste des vêtements outdoor garantis sans Pfas par le média The good goods.
🫤 En extérieur, dans la mesure du possible, penser à prendre ses emballages car on trouve beaucoup de Pfas dans les cartons et papiers pour sandwichs / frites qui se détériorent rapidement au contact du gras et de l’humidité.
✊ Ready ?
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Allez viens, on est bien. 💌
🗞️ Le récap’
Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.
👉 CocoriCouac. 87 établissements scolaires avaient donné leur accord pour participer à l’expérimentation du port de l’uniforme à l’école, avec parmi les critères une fabrication européenne des uniformes. Sauf que… à Puteaux, les vêtements distribués aux élèves sont en réalité “made in” Bangladesh et Pakistan. Les responsables de l’opération se défendent en expliquant que la production portugaise initialement prévue ne permettait pas de tenir les délais de fourniture. Bon. Et en termes d’éducation responsable, on fait comment ? “Alors les enfants, voici vos uniformes, ils ont peut-être été fabriqués par des copains de votre âge, prenez-en grand soin !”
👉 C’est pas moi, c’est toi ! L’ADEME (l’Agence de la transition écologique) a publié son nouveau baromètre « Sobriétés et modes de vie », voici ce qu’il en ressort :
Le facteur économique reste la motivation numéro un pour mettre plus de sobriété dans sa consommation… devant la cause environnementale.
1 Français sur 2 aujourd’hui recourt au marché de seconde main, dont 76 % d’entre eux pour des raisons économiques et… 51 % pour pouvoir consommer plus (!).
À la question « diriez-vous que les gens consomment trop en France ? », 83 % ont répondu « oui ». Mais interrogés ensuite sur leur propre situation, seulement 28 % ont le sentiment de « consommer trop ». Ainsi :
✈️ Seulement 3 % des usagers du transport aérien ont le sentiment d’avoir un usage excessif de l’avion.
👔 Pour l’achat de vêtements, seuls 14 % des Français estiment leur consommation excessive par rapport à leurs besoins.
🥩 À peine 1 Français sur 5 qui mange de la viande tous les jours « considère en manger trop ».
Dans la famille “je m’en lave les mains”, on demande les consos français ? 🧐
🙅🏽♀️ La fausse bonne idée
Je débunke pour vous la fausse bonne idée du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mère.
Chers (futurs et jeunes) parents, si vous vous apprêtez à faire le plein de liniment pour boucler le trousseau beauté de votre bébé, abstenez-vous ! Le liniment, contrairement aux idées reçues, n’est pas un incontournable d’une toilette bien faite.
Rappels utiles :
👉 Le liniment ne nettoie pas. Il est composé d'huile d'olive et d'eau de chaux, qui ne permettent pas d'éliminer les selles et les saletés.
👉 Le liniment peut favoriser l’apparition de rougeurs et d’irritations. Puisqu’il ne lave pas, mettre du liniment c’est appliquer une couche grasse sur des selles enfermées ensuite dans une zone chaude et humide (=> la couche). Argh.
👉 En cas d’érythème fessier, il est absolument déconseillé d’utiliser du liniment. Son pH peut aggraver les irritations. Mettriez-vous de l’huile sur le feu ? Hein ? ;)
Et donc on nettoie comment les fesses de son bébé ?
Les recommandations des autorités sanitaires sont claires : de l’eau (pour les urines) et du savon (pour les selles). That’s it !
Et pour les fanas du liniment ?
Si vraiment le liniment, c’est votre dada…
👉 C’est ok d’en appliquer mais une fois que les fesses de votre bébé sont lavées.
👉 Vérifiez la composition. En principe, le liniment n’est que de l’eau de chaux et de l’huile d’olive. Donc zappez ceux à la liste de composants à rallonge. 3 ou 4 ingrédients et c’est tout.
AH ! N’oubliez pas. Le liniment n’existe pas en Allemagne. Je répète. Le liniment n’existe pas en Allemagne. Preuve en est qu’on peut s’en passer !
Suite au prochain numéro !
🚀 On se retrouve dans 15 jours ? Si ce numéro vous a plu, partagez sans modération ! Un like, ou un commentaire sont aussi toujours les bienvenus 💌
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Merci Jeanne pour votre newsletter que je découvre et qui est aussi agréable qu'intéressante à lire. Je vous suis à 100%, je ne comprends toujours pas à quoi sert le liniment. En revanche, j'ai découvert récemment les nombreuses variétés de couches lavables (un monde nouveau pour moi). Et je me demande niveau écolo, les couches lavables mais avec des inserts jetables, est-ce que c'est quand même moins polluant ? Vous avez une idée là dessus, parce-que moi je sèche complètement sur ce point. :-)