N°19 - 🤩 Chérie, j'ai rétréci le dressing !
👊 "L'éducation est l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde" – Nelson Mandela
🧡 Bienvenue dans ce nouveau numéro des Petits résistants, le média des parents qui rêvent d’un monde plus vert et égalitaire. Welcome à tous les nouveaux abonnés qui nous ont rejoints ! Pour les curieux, le pourquoi du comment du média s’est écrit ici.
👋 Pour donner le ton de cette édition, cette incroyable citation de l'économiste Raj Patel :
“Tout revient à la décision individuelle de l'acheteur, mais ça ne devrait pas être le cas. C'est comme le café équitable : moi j'achète du café équitable parce qu'on me donne le choix entre ça et du café d'enflure, du café qui exploite les enfants. On n'en veut pas, on ne veut pas de produit exploiteur. Mais pourquoi est-ce une option ? Pourquoi doit-on choisir, choisir de ne pas exploiter les gens, choisir de ne pas tuer les dauphins ? Pourquoi ces choix existent-ils ? Pourquoi doit-on s'inquiéter de tout ça ?”
On n’a pas mieux pour résumer la charge mentale qui pèse sur les épaules des consommateurs qui essayent de mieux faire. Des politiques publiques ambitieuses, des lois contraignantes, voilà ce dont on a besoin. Et, champagne ! Le projet de loi destiné à réguler la fast fashion pourrait bien faire bouger les choses. On en parle dans l’actu principale. Un pont idéal avec le portrait de la semaine dédié à une entrepreneure audacieuse d’une mode plus éthique, Nathalie Parmentier, qui porte haut les couleurs de l’engagement.
🧡 Place au nouveau numéro. Bonne lecture à toutes et à tous !
#generationsolution
Au sommaire
En tête à tête avec Nathalie Parmentier, en mode éthique
L’actu qu’il fallait pas louper : fin de la récré pour la fast fashion
Le récap’ en vrac d’infos engagées à consommer sans modération
La fausse bonne idée : faire taire les différences
🧡 En tête-à-tête
Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.
Dans ce numéro, je rencontre Nathalie Parmentier, cofondatrice de Perpète, la marque de mode familiale qui relève le défi de l’écoresponsabilité haut la main. Entretien.
De la fast fashion à la slow fashion
Il était une fois une ancienne fast fashionista. Nathalie a la vingtaine et avec son diplôme de marketing en poche enchaîne les expériences chez les grands du monde de la mode, ceux qui produisent beaucoup. Et loin. Son expertise ? Le merchandising. Son rôle ? Mettre en valeur la marque et les produits pour déclencher l’achat. Le tout au service de multinationales et de la surconsommation. Et puis deux enfants plus tard, un passage au bio, au zéro déchet et à une prise de conscience généralisée, la crise de sens pointe le bout de son nez. Avoir les deux pieds dans la réalité de la fast fashion et ses dérives, lui forge une conviction : l’urgence de penser des modèles de mode plus durables. Elle rencontre Sandra Héteau, styliste et modéliste, qui traverse les mêmes turbulences de la crise de sens et cherche un nouveau défi professionnel dans la mode éthique. Le match est immédiat. Ensemble, elles décident de créer Perpète, une marque de vêtements pour enfant bien fabriqués, avec en 2018, un modèle de business carrément innovant.
L’écoresponsabilité à 360 degrés
La promesse de Perpète ? “Une alternative aux fringues qu’on jette pour des vêtements qui durent Perpète et épargnent la planète"!”. La bonne formule : produire mieux (au Portugal avec des matières résistantes et plus respectueuses de l’environnement) et moins. Avec des enfants qui grandissent et changent de dressing tous les 6 mois, le défi du moins semble impossible. La solution Perpète est celle de la consigne : comprendre, la reprise de tous les vêtements Perpète devenus trop petits, qu’ils soient impec’ ou pas, contre des bons d’achat (de 15 à 40% de sa valeur). Les retours sont ensuite réutilisés pour créer des pièces upcyclées et surtout revendus en seconde main sur le site de la marque. Et à chaque round de vente, le site est pris d’assaut, témoignant de l’intérêt de cette proposition écoresponsable jusqu’au bout du fil. Nathalie confirme : “Nous avons de la fidélité grâce au modèle. Il y a des clients qui n’achètent que de la seconde main et d’autres qui passent le pas de la mode écoresponsable car ils savent que les vêtements sont de qualité et généreront des bons d’achat ensuite chez nous.” Un cercle vertueux, en somme, et qui permet de lever le premier frein à l’achat de la mode éthique : celui du prix. Well done !
“La bonne formule de consommation c’est un mix de vêtements récupérés de la famille et des copains, avec des achats de seconde main. Compléter ensuite, quand on peut, avec une pièce neuve bien produite pour soutenir le principe d’une mode plus durable.”
David contre Goliath
Après 5 années d’existence, Nathalie se réjouit d’avoir su fédérer une communauté et une clientèle fidèle (+de 20 000 personnes) auprès de laquelle elle prêche la bonne parole de la consommation responsable, expliquant les enjeux santé et environnementaux autour de l’industrie textile, et même de la déconsommation empruntant le fameux et trop rare “Don’t buy this jacket” de la marque Patagonia. “On arrive à planter des graines au fur et à mesure et c’est génial. Mais ce que je ne supporte plus, ce sont les discours des grosses enseignes qui se font un malin plaisir de brouiller les messages.” Marre du greenwashing et des réassurances marketing ? ““Pensé avec amour à Paris”, “Fabriqué à partir de fibres biologiques”, toutes ces mentions servent juste à soigner la bonne conscience des gens et personne ne creuse parce que globalement le client est content.” Si la fast fashion est l’ennemi à abattre, Nathalie voit évidemment d’un bon oeil le projet de loi visant à sa régulation actuellement en discussion (voir “l’actu qu’il ne fallait pas louper”👇) en avouant un certain scepticisme quant à son futur champ d’application, tant la fast fashion est surpuissante aujourd’hui.
Il n’empêche, dans un contexte global tendance cauchemar pour l’industrie textile, les filles de Perpète sont encore debout et même en croissance (“à chaque gamelle on apprend!”) : “La mode et le textile, c’est compliqué de manière générale. Beaucoup y vont la fleur au fusil en se disant que c’est sexy. Nous on savait que ça allait être dur et long. Alors on s’accroche.” Et nous, on vous remercie de faire bouger le monde.
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🤝 Perpète aussi milite pour un monde plus vert et égalitaire. “Same same but different”, la dernière collection capsule de la marque en collaboration avec L’extraordinaire Marcel témoigne de cet engagement. 10% des bénéfices seront reversés à l’association Les Extraordinaires qui met en lumière la différence en employant notamment les personnes porteuses de handicap en milieu ordinaire. Découvrir par ici.
🤓 L’actu qu’il fallait pas louper
Nous sommes « le premier pays au monde à légiférer pour limiter les dérives de l'ultra-fast fashion », salue le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu après l’adoption de la proposition de loi par les députés le 14 mars dernier visant à réguler l’ultra-fast fashion pour limiter son impact environnemental désastreux. De quoi se réjouir de cette réglementation historique ! Même si tout n’est pas encore ficelé.
Que contient cette proposition de loi ?
Un malus environnemental
L’idée est “de faire jouer ces contributions sous la forme de bonus-malus comme ce qu’il y a dans l’automobile : les vêtements qui polluent beaucoup, payent beaucoup, tandis que ceux qui ne polluent pas beaucoup, voire qui sont bénéfiques à l’écosystème, ont des bonus.” comme le précise Julia Faure, cofondatrice d’En mode climat.
L’indexation de ce bonus-malus se fera sur la base de l'affichage environnemental qui sera déployé prochainement : un genre de nutriscore du textile mis au point par l'Agence de la transition écologique à Paris (Ademe). “Globalement, les marques qui produisent loin avec du polyester vont avoir une mauvaise note et les marques qui produisent localement avec des matières naturelles, bio, vont avoir de bonnes notes.” explique Julia Faure.
Interdiction de la publicité pour les produits de la mode express et de la promotion des entreprises, enseignes ou marques de fast fashion. Cette interdiction a été étendue par les députés aux influenceurs commerciaux.
On en aurait donc fini avec les unboxing de colis Shein face caméra sur TikTok ?
Clap de fin pour la fast fashion ?
Le projet de loi n’est pas encore passé par la case Sénat.
On imagine que les lobbies s’agitent en coulisses pour tenter de détricoter la loi. Un gros enjeu en particulier : quelles entreprises seront visées ? L’ultra fast fashion seulement ? Quid des H&M, Zara (qui passeraient presque pour des modèles du genre écoresponsable depuis l’apparition de Shein et Temu) et des marques françaises comme Décathlon ou Kiabi qui produisent également énormément ?
le texte adopté renvoie la balle à l’exécutif chargé de fixer par décret les seuils chiffrés pour qualifier ou non une entreprise de fast fashion. Une porte ouverte à la pression des lobbies. Affaire à suivre.
L’éducation, grande absente de cette loi. Une loi pour limiter oui mais reste un boulot énorme sur la sensibilisation des consommateurs sur le sujet de la consommation de vêtements. Si notre génération d’adultes biberonnés aux minis prix déconnectés de la réalité des vrais coûts de production aura sans doute du mal à penser consommation responsable et déconsommation, quid des plus jeunes ? Mettre sur la table le sujet de l’éducation textile paraît incontournable pour opérer une vraie révolution du textile.
Parce que oui avec un tee-shirt à 3 euros, il y a forcément quelqu’un ou quelque chose qui trinque sur la chaîne de productions.
💡 Si le sujet vous intéresse, courez lire notre interview d’Anne-Charlotte Hartmann, fondatrice du Studio Abi avec lequel elle s’engage sur le sujet de l’éducation textile auprès des enfants.
🗞️ Le récap’
Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.
👉 #Weatherkids. À partir du 21 mars, des dizaines d’enfants participent dans le monde entier à la présentation de faux bulletin météo présentant les prévisions de 2050 pour alerter sur les enjeux climatiques. « Pour vous, ceci n’est peut-être qu’un flash météo. Mais pour nous, il s’agit de notre avenir. »
« Nos décisions d’aujourd’hui dessineront l’avenir des générations à venir. Cette campagne est un appel à une action urgente pour le bien des populations et de la planète », a insisté Céleste Saulo, secrétaire générale de l’Organisation Météorologique Mondiale.
👉 Sephora Kids. Sur TikTok et Instagram, des filles de 8 à 13 ans vantent les mérites de crèmes anti-rides et autres produits destinés aux adultes, provoquant des ruées vers l’or chez Sephora. Le phénomène pose le problème du rapport aux écrans, de la sexualisation des petites filles et la réduction de la femme à son image et apparence physique en recherche d’une sorte de perfection, de la responsabilité des parents et celle des marques sur l’éducation des consommateurs.ices. Comme un joli pot-pourri des problèmes de société d’aujourd’hui. Allez, il faut que jeunesse se passe ! ;)
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Allez viens, on est bien. 💌
🙅🏽♀️ La fausse bonne idée
Je débunke pour vous la fausse bonne idée du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mère.
La Journée mondiale de la trisomie 21, célébrée chaque année le 21 mars, est l’occasion de sensibiliser l’opinion publique à la question de la différence et à favoriser l’inclusion des personnes porteuses de cette anomalie génétique dans tous les aspects de la société.
« Papa, pourquoi le monsieur marche de travers ? », « Maman, le petit garçon, pourquoi il a cette tête-là ? ». Ces scènes du quotidien où nos enfants se questionnent sur les différences et le handicap à haute voix. Très haute voix. En pointant du doigt aussi parfois. Avec ce réflexe, pour nous adultes, de jeter un “chut” bruyant (suppliant ?), pour faire cesser la scène, pour faire cesser la gêne. Vous visualisez ?
On a interrogé Céline Syritellis, docteure en science du langage et experte en psychoéducation, sur le sujet. Et on est bien désolés pour vous, mais la stratégie de l’évitement autrement appelée “courage fuyons” n’est étonnamment pas la meilleure des options. 4 choses à retenir en pareille situation :
L’importance du rôle modèle des adultes
« La réaction de l’adulte peut entériner les peurs de l’enfant et les cristalliser ».
Que perçoit notre enfant quand on lui demande de se taire ? Mon parent est mal à l’aise = le handicap a quelque chose de tabou. C’est précisément l’écueil à éviter explique Céline Syritellis qui invite donc les adultes à « être le plus tranquille possible », et à accueillir les remarques des enfants simplement.
Parler du handicap dès le plus jeune âge sans en faire un tabou
“Il est nécessaire d’aborder le sujet dès le plus jeune et de savoir poser des mots car les peurs naissent de la gêne, du malaise, de l’incompréhension ou l’ignorance.”
Apprendre aux enfants le langage adéquat
Il est important de « dire le mot personne avant de dire handicapé » car « c’est un signal de dire qu’avant d’être un handicap tu es une personne ».
Encourager donc les plus petits à parler de « personne handicapée » ou « personne en situation de handicap ».
Enseigner aux plus petits la notion d’empathie afin qu’ils comprennent que le handicap peut toucher n’importe qui, à n’importe quel âge.
Éviter le misérabilisme
“Expliquez à votre enfant que cette personne est différente mais que cette personne est capable. La personne handicapée n’est pas une personne à protéger à tout prix. On a trop souvent peur de heurter dans nos paroles, on est très, trop, précautionneux pour ne pas blesser. Mais de facto, cela veut dire que l’on considère les personnes handicapées comme plus fragiles.”
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Rappelez-vous. Les parents sont la première fenêtre des enfants sur le monde. Alors autant qu’elle s’ouvre du bon côté non ?
Suite au prochain numéro !
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Merci Jeanne pour cette newsletter riche de sens et très agréable à lire :) Vraiment bravo!
Belle découverte via LinkedIn (je vais parcourir les N° en arrière pour me mettre à jour eheheh) et compte sur moi pour la diffuser, Ludovica