Au sommaire
En tête avec tête avec Céline Issen, la femme qui murmurait à l’oreille des marques (… des mises en garde).
L’actu qu’il fallait pas louper : Patagonia, marque engagée… épinglée. Plus belle la chute.
Le récap’ en vrac d’infos engagées à consommer sans modération.
Débunkage de fausse bonne idée : le label FSC sans langue de bois
Notre sélection cadeau avec un top 3 de l’arme fatale anti coup de soleil : le tee-shirt UV !
🧡 En tête-à-tête
Entretien avec une personnalité qui fait bouger le monde. De quoi semer les graines de l’engagement et cultiver l’optimisme.
Dans ce numéro, je rencontre Céline Issen, consultante en santé environnement. Elle parle de son combat contre les marques qui trompent les parents consommateurs et des politiques publiques qui ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux. Elle est de ces personnes qui s’indignent et qui s’engagent. Et pas dans le vent. Venez, vous allez comprendre pourquoi. Vous goûterez au passage à quelques conseils clé en main, pour une consommation “safe & clean” pour vos enfants.
Céline est l’experte qui accompagne Les petits résistants sur le sujet de la santé environnement, c’est-à-dire l’impact de l’environnement sur notre santé et celle de nos enfants. Médecin généraliste de formation avec une spécialisation de santé de l’enfant, Céline s’est réorientée vers la recherche clinique. En travaillant sur l’origine des pathologies, et à mesure que ses convictions écologiques grandissaient, elle s’est intéressée aux problématiques de santé environnementale, avec l’envie de sensibiliser le plus grand nombre, et en premier lieu les futurs et jeunes parents, à ces sujets. Un objectif : dépoussiérer les clichés et idées reçues, et celle notamment du coût. Evoluer dans un environnement sain et faire attention à sa consommation, est-ce nécessairement cher ?
“Quand on parle de santé environnement, les parents pensent souvent que ça va leur coûter cher. Mais la santé environnement, ce n’est pas conseiller de manger 100% bio. C’est apprendre à choisir les objets ou produits de manière différente, en respectant le même budget.”
Epingler les marques et les allégations trompeuses
Engagée, Céline l’est, notamment sur les réseaux. Son dernier coup de gueule, une marque de crème solaire destinée spécialement aux … bébés avec pour mention « très haute protection pour les expositions inévitables des bébés dès la naissance. Prescrit par les dermatologues ». Le tout saupoudré d’une deuxième couche de recommandations bien à côté de la plaque avec conseil d’application supplémentaire … d’autres produits de la marque. On récapitule : pour l’exposition des nourrissons au soleil, il serait recommandé - et apparemment validé par la profession des dermatologues dans son ensemble - l’application de trois produits (aux compositions douteuses). Et ce alors même que la seule recommandation des autorités de santé concernant les nourrissons et le soleil est l’éviction. Point barre. Un post et quelques échanges privés avec la marque plus tard, les allégations avaient disparu. Ce qu’il faut retenir de cette histoire ?
“Les allégations santé ne sont pas normées. Les marques peuvent donc écrire, des mentions comme “prescrit par les dermatologues” ou “pour les enfants dès la naissance” concernant une crème solaire. Au secours !”
Les victimes dans l’histoire : les parents qui veulent bien faire et qui peuvent facilement se laisser berner par un marketing bien ficelé au mépris des recommandations sanitaires les plus élémentaires.
Des politiques publiques à la traîne…
Il y a un agacement que l'on partage avec Céline, c'est celui de la lenteur des mises en place des politiques publiques. Ce temps de latence entre les premières alertes sur la dangerosité d’une substance, et la mise en place d’une réglementation contraignante :“Il existe une période pendant laquelle les preuves de la toxicité d’une substance s’accumulent. Pendant ce temps il est difficile de les faire interdire et les industriels peuvent continuer à les utiliser. Mais même s’ils respectent la règlementation, ils savent que ces substances sont controversées et qu’ils prennent des risques”.
Plusieurs facteurs expliquent cette lenteur. D’abord la difficulté de la démonstration scientifique. On teste sur des animaux ou en laboratoire. Les industriels et les lobbies jouent sur ce doute-là : “Oui mais c’est sur l’animal, ou c’est en tube à essai. Donc ce n’est pas clairement démontré. Et pendant ce temps, rien ne se passe.”
Et pourquoi ne pas dégainer le principe de précaution et contraindre les industriels sur cette base ? Quid si on décidait au niveau national d’interdire tous les bisphénols et les phtalates ? Ça reviendrait probablement à interdire à tous les industriels d’utiliser du plastique et des conserves métalliques. Si seule la France le fait, c’est “se tirer une balle dans le pied d’un point de vue économique pour un problème médical que tu n’as pas réussi à démontrer de façon formelle. En France, on sait que les maladies en lien avec l'environnement augmentent de façon importante mais on est exposés à des centaines de substances tous les jours. Quelle est la substance la plus toxique qu'il faut éliminer tout de suite ?” Un principe de réalité à prendre en compte qui se confronte évidemment à celle des contraintes économiques.
… et des difficultés à sensibiliser à titre individuel
Je le vois avec le média : c’est difficile d’embarquer en parlant de santé environnement. Parce que ce n’est pas un sujet cool et glamour. C’est plutôt anxiogène et flippant. Céline, me parle, elle, de la difficulté globale de faire de la médecine préventive. Quand les liens ne sont pas clairement établis, alors c’est plus difficile de sensibiliser les gens. Elle prend l’exemple d’une jeune femme de trente ans qui a du mal à avoir un enfant. Où est le lien ? Est-ce que c’est parce que sa maman a mis une crème anti-vergeture contenant des perturbateurs endocriniens quand elle était enceinte ? Parce-qu’elle a été exposée aux pesticides dans son lieu de vie ? Si on sait avec certitude que les perturbateurs endocriniens ont des conséquences sur la fertilité c’est impossible de déterminer la molécule ou le cocktail de molécules incriminés.
Et finalement, “on est tous en train de se dire qu’on va passer entre les gouttes : pourquoi je me passerais de quelque chose que j’aime pour un risque potentiel ? Qu’est-on prêts à sacrifier pour du potentiel ?”
Les écueils à éviter facilement pour les (futurs) parents
De son expérience, Céline a constaté deux écueils assez classiques. Des habitudes ‘anti-clean’ dont on pourrait facilement se débarrasser ? “ On met clairement trop de cosmétique aux enfants car les parents sont souvent induits par des allégations trompeuses.” On aurait aussi beaucoup trop tendance à la … désinfection à outrance. “La maison n’est pas un bloc opératoire. Il faut arrêter avec les produits qui promettent d’enlever 99,99% des bactéries. Certes, il faut nettoyer. Mais ça ne sert à rien de désinfecter à tout va. L’hyperhygiénisme serait d’ailleurs la cause de nombreuses allergies chez les enfants car le système immunitaire est sollicité de manière non adéquate. Un enfant peut mettre les mains dans la terre et aller dans le bac à sable. C’est ok. On ne met pas des enfants dans un cocon !”. Et du coup pour le ménage on fait quoi? Les produits naturels au maximum (vinaigre blanc et bicarbonate de soude). Et si on achète des produits ménagers classiques, “vérifier qu’il n’y a pas de pictogramme (et donc pas d’irritant). On aère pendant et après le ménage, et si possible, on ne laisse pas son bébé dans la même pièce”.
Je termine notre entretien en demandant à Céline quel est son combat de Petit résistant : “Un monde sans plastique, ça m’irait bien ! ”. Et elle conclut en soufflant un vent d’optimisme. “Les choses avancent progressivement ! Aujourd’hui on est en train de rendre obligatoire la formation des professionnels de santé à la santé environnementale.” Il y aura donc dans chaque maternité des personnes référentes formées à ces sujets qui auront pour mission de porter la bonne parole (sans angoisser !) les futurs parents. Et quand il s’agit d’apporter de l’info utile, nous on se réjouit toujours chez Les petits résistants !
🤓 L’actu qu’il fallait pas louper
Décryptage de l’actu qui m’a le plus chauffée.
💔Incroyable breaking news dans le monde des marques engagées. Patagonia, LA marque de mode connue pour ses engagements écoresponsables, est épinglée par une récente enquête du collectif Follow the money démontrant qu'en matière de respect des droits sociaux, elle ne vaut pas mieux que les marques de fast fashion.
🫣 Qui est Patagonia la marque mode référence en matière d’engagement ? Créée en 1972, par Yvon Chouinard, la marque inscrit les engagements écologiques et éthiques dans son ADN. Elle se fait connaître par des publicités audacieuses promouvant la déconsommation, un militantisme environnemental affiché jusque sur leur site internet, et des engagements forts de son fondateur qui, récemment, a fait savoir qu’il confiait le destin de son entreprise à deux fonds chargés de consacrer les bénéfices - une centaine de millions de dollars par an - à l’environnement.
🧐 Ce que révèle l’enquête de Follow the money. Patagonia, qui fait fabriquer la majorité de ses produits au Vietman et Sri Lanka, confectionne certains de ses produits dans les mêmes usines que Primark et d'autres marques de fast fashion. Résultat, selon l’enquête, des conditions de travail dégradées en termes d’horaire (jusqu’à 80 heures par semaine), de salaire dérisoire et de harcèlement. "Jusqu'à présent, nous n'avons pas vraiment remarqué de différence entre travailler avec Patagonia et travailler avec Primark ou Decathlon", explique Kevin Fernando, directeur d’une usine Sri Lankaise, Regal Image, où Follow the money s’est rendu. 🤦🏻♂️
😳 Ce qu’on en retient ? “On réfute et puis de toutes façons, on fait des contrôles”. Voici en substance la réponse de Patagonia aux révélations de l’enquête. Un classique désengagement de marques qui refusent d’assumer ce qui se passe chez leurs sous-traitants. Quand ça vient de Zara, on ne s’étonne pas. Mais là, on tombe de notre chaise. Insupportable de voir la confiance marque/consommateur encore sapée.
🗞️ Le récap’
Un condensé d’infos engagées à consommer sans modération.
👉 Oyez oyez ! Un nouveau lieu family friendly a ouvert ses portes en juin à Paris. En partenariat avec l’école des loisirs et auprès de la plus ancienne librairie spécialisée jeunesse de Paris, Chantelivre, la Maison des histoires accueille les enfants de 0 à 7 ans pour une plongée immersive dans le monde merveilleux de l’Ecole des loisirs : un bateau pirate de 4 mètres de haut, la cuisine de Cornebidouille et l’arbre de la famille Souris… Foncez !
👉L’Etat français a été condamné à indemniser deux familles dont les enfants ont souffert de bronchiolites et d’otites à répétition au cours de leurs premières années passées en région parisienne. Le juge administratif a estimé qu’« une partie des symptômes » dont ils ont souffert a été « causée par le dépassement des seuils de pollution résultant de la faute de l’Etat », à savoir son incapacité à faire respecter les normes sanitaires. C’est une première. Et on espère qu’il n’y aura plus besoin d’en repasser par là.
👉 Faut-il encore faire des enfants? Ce thème choc était au coeur d’une conférence-spectacle organisée par le média Usbek et Rika au Théâtre Mogador. Le “Tribunal pour les Générations Futures” a tranché. Retrouvez le verdict ici. Parmi les arguments pour, il y en a un qui nous parle plus que les autres : parce que les enfants sont la raison d’être du combat écologique. 👊🌿 Et vous ?
🙅🏽♀️ La fausse bonne idée
Je débunke pour vous la fausse bonne idée du parent qui veut super bien faire. Because nobody’s perfect. Sauf ma mère.
🤚 QUI ne s’est jamais rattaché à la présence d’une étiquette et d’un logo un peu vert pour cocher la case de l’achat responsable et s’acheter une bonne conscience écologique ? “Nickel ce jouet, il est en bois, et en plus… FSC. Oh, ça vaut bien d’y mettre le prix !”. Vraiment ?
🤔 FSC qu’est-ce que c’est ? Le label FSC (Forest Stewardship Council®) garantit que les bois utilisés se conforment aux procédures de gestion durable des forêts, à savoir : la protection des sols, le respect de la biodiversité (on limite les coupes-rases et on replante pour compenser par exemple) ainsi que celui des droits des travailleurs et des populations autochtones. Pour Les petits résistants, c’est un peu… la base. Et pourtant, en 2021, seules 13% des forêts mondiales étaient éco-certifiées.🫣 Vous l’aurez compris, ce label FSC est nécessaire pour garantir une extraction de matière première durable. Mais ça s’arrête là. Il ne garantit donc pas que :
le jouet soit fabriqué près de chez vous
le jouet soit safe pour la santé de votre enfant
Concrètement, vous pouvez donc avoir un jouet certifié… en bois aggloméré (donc réduit en poussière et reconstitué avec de la colle) fabriqué en Chine. Ahaha. Méga écolo 🙈.
👉 Alors on fait quoi ? Entre deux jouets en bois, préférez toujours celui qui est certifié car l’extraction des matières premières est un enjeu écologique majeur. En revanche, si vous voulez aller plus loin dans votre logique de conso responsable, vérifiez la provenance et la matière. Dans un monde idéal : fabrication européenne, bois massif ou toute autre matière naturelle. Et là c’est jackpot de Petit résistant. Allez, si on se disait que pour le prochain cadeau de votre filleul préféré, vous tentiez l’achat responsable ?
🎁 Au top
C’est cadeau ! Parce que vous avez mieux à faire que des recherches Google, j’ai fait pour vous une sélection … des meilleurs tee-shirts UV.⛱️☀️
🤯 Allons droit au but en chiffres, même si ça ne fait pas plaisir : avec plus de 100 000 nouveaux chaque année, les cancers de la peau sont les cancers les plus fréquents en France. 80% sont liés à des expositions excessives au soleil. Seulement 12% des parents considèrent l’enfance comme la période la plus à risque vis-à-vis des rayons du soleil. Or, jusqu’à la puberté, la peau des enfants est plus fine et le système pigmentaire immature ce qui la rend plus vulnérable aux effets cancérogènes des rayons UV. Bref, y a pas à tortiller, il faut se protéger.
💡Et pour alléger la charge mentale de l’été, notre reco c’est le tee-shirt UV. D’accord, ça ne recouvre pas votre enfant de la tête aux pieds mais franchement ça limite quand même drôlement les zones à recouvrir de crème. Ultra pratique donc. Et protection solaire sûre (versus un étalage de crème approximatif à renouveler toutes les 2h). Ce must have de l’été, vous pouvez le récupérer auprès des copains, l’acheter en seconde main, ou dans n’importe quel magasin de sport, du type Décathlon. Et pour le shopper éthique c’est par ici :
👇 Tee-shirt UV - notre shopping list pour les nuls à la sauce responsable
Les Petits dorés
Juillet Juillet
Canopéa Paris
1, 2, 3 … enfilez !
👉 La suite au prochain numéro !
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